Des moches – Craties … _ 5

Des moches – Craties … _ 5

Kratos (Cratos) and Euphrosyne (Euthymia) © Meisterdrucke

Grec Kratos ou Cratos : est une divinité représentant la force, le pouvoir, la vigueur. Grec Archos : Maître, chef, dirigeant.

Il faut que l’imagination pense trop pour que la pensée ait assez.

Gaston Bachelard

Par quoi remplacer la démocratie ?

Un ami, chez moi, entre la poire et le fromage : ” Changer la démocratie… Tu la remplaces par quoi ? « . C’est le moment rêvé où l’on tente des répnses plutôt que d’utiliser un joker.

En référence aux étymologies, on pourrait conclure rapidement qu’il faudrait que la démocratie cède la place à la démo-archie.

Si je suis capable de répondre de façon pertinente à la question, cet ami a des excellents fréquentations. Mais selon la réponse que je donne à cet ami, il y a peut-être des chances que cet ami ne soit plus de mes amis car je serai devenu le « représentant » d’un Demos que j’estime ne plus être représenté, donc non repésentatif.

Et fort de ma raison, j’exercerai mon -cratos d’une manière rationnelle. La technique me le permettant, la gouvernance se fera par les nombres [1] : la raison sera devenue aveugle et ma folie parfaitement rationnelle.

Suite au post du 15 mai 2024

La justesse du droit, fondement de l’injustice ?

En l’absence de « morales », le droit s’impose pour donner l’impression que la justice pourra régner. L’éthique des droits fera le reste, en créant l’illusion d’égalité.

Le droit, comme une discipline rationnelle, auras pris soin, précédemment, de distinguer les personnes physiques des personnes morales. Il n’aura rien fait pour résoudre les conflits qui ne manquent pas de naître entre les différents droits (national/international, commerce/privé, etc.). Des remontées de paranoïa me font même émettre que certains aspects du droits sont là pour fonder « en droit » l’existence de conflits.

Le droit, comme discipline, réserve à ses spécialistes et à ses experts, un marché florissant. Bien sûr, le développement de « l’intelligence artificielle » fait craindre une contraction de l’activité. Mais ceci ne concernera que les petites mains, les grouillots, qui, dans les études, recherchent les cas de jurisprudence permettant de contourner la loi.

Le droit, par les normes et les règles qu’il permet d’édicter, donne l’impression aux humains de pouvoir dominer les risques qu’ils créent, quand ils injectent des nouvelles techniques dans le système – ces dernières cherchant souvent, après coup, où elles pourraient s’appliquer.

De leur côté, les techniques permettent, dans un tentative chimérique, de donner à l’humain l’impression qu’il pourrait guérir de sa « honte prométhéenne ».

Le droit comme moyen de se défausser de ses responsabilités

Comme je ne mesure pas les risques que pourrait faire naître ce que je vends et mets sur le marché, je me garantis par avance – en fantasmant ce qui pourrait arriver – de tous les recours possibles, pour dégager ma responsabilité civile (on semble souvent oublier la notion de « responsabilité civile causale » qui existe, en droit). Par exemple, les conditions générales qui assortissent les logiciels informatiques sont un modèle d’évacuation des responsabilités, en se basant sur un mode pervers qui table que tout le monde cliquera et que personne ne lira.

L’allégement que permet le numérique est alourdi par le juridique. Nous sommes « coupables et personne n’est responsable ».

Le droit comme outil d’affaiblissement de la démocratie

Un Article paru dans Vigousse [2, le vendredi 10 mai 2024, fournit un bon exemple – parmi de nombreux autres – de ce qui fait douter « Le Peuple » de « La Démocratie ».

Le lobbyisme siphonant les principes démocratiques.

En intervenant – y compris par des méthodes favorisant la prévarication – auprès des représentants des pouvoirs, dans les démocraties dites « représentatives », les lobbyistes guident le droit de la bonne direction, à savoir la leur. Note :les représentants des petites organisations font aussi du lobbying, mais elles n’ont pas les moyens financiers susceptibles d’entraîner les pouvoirs censés représentés « Le Peuple », dans le champ de la prévarication.

Que le meilleur gagne ! Mais nous sommes là devant le royaume de l’argent fétiche. Le lobbyiste de l’argent pour continuer d’en gagner et éviter d’en perdre ! Pour continuer d’exercer des prérogatives, donc de maintenir des pouvoirs. Note : voir les affaires de pots-de-vin, en 2023.

Les moments « rationnels » ne sont pas souven une bonne grille de lecture pour analyser les problèmes qui sont posés. Comment comprendre rationnellement le nombre de lobbyistes qu’entretiennent les caisses maladie Suisses, à Berne, parmi les « représentants du Peuple ».Un article du Canard enchaîné de cette semaine (15.05.2024) montre bien ces actions de lobbyistes (et je ne pense pas que la situation soit spécifique à la France) – Pour la référence, voir la note 2.

© Canard enchaîné

Le droit comme protection des profits au prix de la mise en danger des personnes (qu’on appelle « Le Peuple » quand on veut se servir de l’illusion démocratique)

En référence à l’émission A Bon Entendeur (RTS, 13 mai 2024) et en m’adressant un clin d’œil, dasn un renvoi à mon post du même jour

Dans un test sur la qualité des eaux minérales en bouteilles, on a trouvé du chlorothalonil dans d’Henniez – moi appartenant à Nestlé Waters. Des PFAS et d’autres substances ont été trouvées dans les eaux d’autres marques. 

Sans refaire l’histoire précise de ce cas, il me paraît un bon exemple du droit employé pour, d’une part, donner l’impression qu’on contrôle; d’autre part, de donner aux puissants groupes, la possibilité de gagner du temps; enfin, d’affaiblir « La Démocratie» en donnant au « Peuple» plus que l’impression de se faire rouler dans la farine. 

Syngenta a été condamné à ne plus vendre de chlorothalonil en Europe et en Suisse (il peut continuer d’en exporter au Brésil d’où il nous reviendra, via du soja … ).

Syngenta, entreprise suisse, a fait appel de sa condamnation et les vainqueurs – en première instance – n’ont plus le droit de mentionner le chlorothalonil et les risques afférents, en attendant le prochain round juridique. 

Le droit a énoncé des normes qui permettent aux experts de se battre sur les quantités détectées des différentes substances, en arguant du fait qu’on est en dessous des normes. Que les normes soient plus l’expression de luttes de pouvoir entre experts que la traduction en chiffres de risques qu’on maîtrise, ne semblent pas représenter un problème. 

Nous pouvons voir un droit, plus employé à la protection d’intérêts financiers de groupes puissants, – toujours prêt à utiliser l’argument des places de travail- au service de la santé des individus – à qui on pourra toujours dire que l’article premier de la Charte européenne protège leur dignité, éthique des droits oblige. 

Il semblerait que Nestlé Waters avait proposé des remèdes pour améliorer la qualité de l’eau d’Henniez. La marque en aurait été empêchée, toujours au nom de normes de droit. 

Les polluants sont partout, on ne peut pas les éviter – c’est même une compétence des PFAS de ne pouvoir disparaître. Proposition: pourquoi ne pas utiliser les ressources du marketing, à contre-emploi.

Après avoir permis la vente de la pureté des eaux minérales et de la santé, on pourrait imposer, aux sociétés qui font le commerce des eaux minérales, à dé-vendre la pureté, en mettant en évidence les dangers des traitements effectués « car nous nous préoccupons de votre santé ». 

© Hermann et La Tribune de Genève

En attendant une suite…

Se revendiquant des Etats, les organisations internationales sont des machines à écrire le droit en attente de contournement. Comme avec les prolétaires consommateurs, dans la société civile, les Etats sont tous libres et égaux, surtout ceux qui ont le droit de veto. L’ONU serait-elle un bon exemple du fonctionnement de la démocratie ?

Pour judiciarisation et une illustrtion du serpent qui se mord la queue, un bon exemple semble celui du droit de veto à l’ONU des cinq membres permanents. La Chine et la Russie sont, par ailleurs, les animateurs de l’élargissement des BRICS sous l’appellation « sud global ». Le doit peut servir à semer la confusion, au niveau géopolitique.

Et le libertarianisme, comme le marché, ne peut fonctionner qu’avec la judiciarisation que pratiquent les Etats. Tel un poison dans l’eau, il joue des contradiction entre les différents droits.

Le lobbying triomphant – pas celui des O.N.G. pauvres – est étroitement dépendant de la judiciarisation générale et du droit qu’il contribue souvent à formater, par les notes qu’il rédige pour les politiques.

L’argent-fétiche permet de gagner les procès à ceux qui ont les services juridiques les plus « experts » – dont, les plus chers – non pas peur de s’engager dans les procédures les plus longues.

Ceux qui n’ont pas l’argent-fétiche hésitent à entamer des procédures, ce qui permet à ceux qui le détiennent de réaliser des économies de procédures, ce qui permet de financer les services des meilleurs juristes.

Est-il impensable d’imaginer la démocratie utilisant le droit pour atteindre les objectifs qu’elle prétend vouloir réaliser, quand sa représentation quémande les voix du « Peuple », lors de (ré)élections ?

Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin le con trop verse

Aymé Shaman, manquant de liquidités

[1] Voir Alain Supiot, 2020, La Gouvernance par les nombres Cours au Collège de France (2012-2

[2] Des amis se sont étonnés – certains même m’ont reproché – de citer des hebdomadaires satiristes  comme références. S’ils existent toujours, cela veut dire que leurs pratiques journalistiques sont fiables – sinon ils auraient croulé sous les procès. Ils m’informent toutes les semaines au lieu de, pour la plupart, transmettre des dépêches d’agences. Leur forme – la satire – me permet de repeindre ma façade et de sembler, sinon optimiste, au moins faisant preuve d’humour. Je rappelle ma conception de l’humour : capacité à transformer les sujet de désespoir en objet d’étonnement.