Kratos (Cratos) and Euphrosyne (Euthymia) © Meisterdrucke
Grec Kratos ou Cratos : est une divinité représentant la force, le pouvoir, la vigueur. Grec Archos : Maître, chef, dirigeant.
Il faut que l’imagination pense trop pour que la pensée ait assez.
Gaston Bachelard
Par quoi remplacer la démocratie ?
Un ami, chez moi, entre la poire et le fromage : ” Changer la démocratie… Tu la remplaces par quoi ? « . C’est le moment rêvé où l’on tente des répnses plutôt que d’utiliser un joker.
En référence aux étymologies, on pourrait conclure rapidement qu’il faudrait que la démocratie cède la place à la démo-archie.
Si je suis capable de répondre de façon pertinente à la question, cet ami a des excellents fréquentations. Mais selon la réponse que je donne à cet ami, il y a peut-être des chances que cet ami ne soit plus de mes amis car je serai devenu le « représentant » d’un Demos que j’estime ne plus être représenté, donc non repésentatif.
Et fort de ma raison, j’exercerai mon -cratos d’une manière rationnelle. La technique me le permettant, la gouvernance se fera par les nombres [1] : la raison sera devenue aveugle et ma folie parfaitement rationnelle.
Suite au post du 15 mai 2024
Selon Maris, la force motrice du capitalisme est la pulsion de mort placé au service de la croissance. Mais on ne répond pas ainsi à la question de savoir ce que produit cette contrainte irrationnelle de croissance qui rend le capitalisme tellement destructeur. Qu’est-ce qui force le capitalisme a pratiqué l’accumulation aveugle ? C’est la mort qui entre en jeu ici. Le capitalisme repose sur la négation de la mort. On accumule le capital pour faire face à la mort comme perte absolue. La mort produit la contrainte de production et de croissance. Byung-Chul Han.Thanatocapitalisme. Essais et entretiens. 2021:14.
La justesse du droit, fondement de l’injustice ?
En l’absence de « morales », le droit s’impose pour donner l’impression que la justice pourra régner. L’éthique des droits fera le reste, en créant l’illusion d’égalité.

Le droit, comme une discipline rationnelle, auras pris soin, précédemment, de distinguer les personnes physiques des personnes morales. Il n’aura rien fait pour résoudre les conflits qui ne manquent pas de naître entre les différents droits (national/international, commerce/privé, etc.). Des remontées de paranoïa me font même émettre que certains aspects du droits sont là pour fonder « en droit » l’existence de conflits.
Le droit, comme discipline, réserve à ses spécialistes et à ses experts, un marché florissant. Bien sûr, le développement de « l’intelligence artificielle » fait craindre une contraction de l’activité. Mais ceci ne concernera que les petites mains, les grouillots, qui, dans les études, recherchent les cas de jurisprudence permettant de contourner la loi.
Le droit, par les normes et les règles qu’il permet d’édicter, donne l’impression aux humains de pouvoir dominer les risques qu’ils créent, quand ils injectent des nouvelles techniques dans le système – ces dernières cherchant souvent, après coup, où elles pourraient s’appliquer.
De leur côté, les techniques permettent, dans un tentative chimérique, de donner à l’humain l’impression qu’il pourrait guérir de sa « honte prométhéenne ».
Le droit comme moyen de se défausser de ses responsabilités
Comme je ne mesure pas les risques que pourrait faire naître ce que je vends et mets sur le marché, je me garantis par avance – en fantasmant ce qui pourrait arriver – de tous les recours possibles, pour dégager ma responsabilité civile (on semble souvent oublier la notion de « responsabilité civile causale » qui existe, en droit). Par exemple, les conditions générales qui assortissent les logiciels informatiques sont un modèle d’évacuation des responsabilités, en se basant sur un mode pervers qui table que tout le monde cliquera et que personne ne lira.
L’allégement que permet le numérique est alourdi par le juridique. Nous sommes « coupables et personne n’est responsable ».
Le droit comme outil d’affaiblissement de la démocratie
Un Article paru dans Vigousse [2, le vendredi 10 mai 2024, fournit un bon exemple – parmi de nombreux autres – de ce qui fait douter « Le Peuple » de « La Démocratie ».
Les opposants refusent d’aller à l’abattoir
[…]
Les opposants au projet de construction d’un éléphantesque abattoir à poulets à Saint-Aubin, dans la Broye fribourgeoise, ont été déboutés par le Tribunal cantonal. Le 3 mai, l’association EcoTransition – La Broye annonçait qu’elle ferait recours au Tribunal fédéral. Alaric Kohler, l’un des fondateurs du mouvement citoyen, est outré par la décision de justice : « On refuse le droit d’opposition du recourant sous prétexte que l’on ne voit pas dans quelle mesure l’intéressé serait touché avec une intensité plus grande que la plupart des autres adrninisrrés.»
Pour l’habitant de Saint-Aubin, il faudrait donc être lésé « plus que les autres » pour obtenir gain de cause. Mais voilà, la politique économique et foncière du canton de Fribourg entend bien réaliser son projet de « Swiss Campus for Agri and Food Innovation » (Agrico), elle encourage donc la Migres, via sa filière Micarna, à dézinguer 40 millions de volatiles par année sur ce terrain (Vigousse, 15.9.23). Innovant, non ?
Qui, de la poule ou des pilotis …
Alaric Kohler s’inquiète que ce jugement ne réponde en rien aux questions de fond, des détails comme l’impact sur l’environnement ou les risques ‘de l’installation d’un bâtiment de cette taille sur pilotis ! L’association mentionne aussi les problèmes sanitaires – du type grippe aviaire -, la pénurie d’eau, les odeurs ou le bal des camions, puisque 660 trajets de camions encombreront quotidiennement les routes de la région. Une bricole quoi.
Il relève justement que les procédures judiciaires se croisent dans un imbroglio si difficile à comprendre qu’« il est permis de se demander si ce n’est pas une stratégie délibérée pour refuser à la population son droit d’être entendue». Mais quel mauvais esprit.
Micarna est le premier producteur de viande et de volailles en Suisse, avec une part de marché de 40%. Il faut donc impérativement bâtir le plus grand abattoir de Suisse pour occire les poulets provenant de 500 éleveurs, dont 175 dans le canton de Fribourg.
Transformation aussi funeste que définitive
On le relevait l’automne dernier, Migres et l’Etat évitent soigneusement d’utiliser le mot «abattoir» et privilégient, «usine de transformation», voire mieux,«atelier de transformation». Les autorités cantonales et Migres invoquent systématiquement le maintien, voire la création de places de travail. Des emplois peu qualifiés qui seront principalement occupés par des frontaliers.
Migros argue que la population est friande de viande de poulet. C’est vrai, mais l’Office fédéral de l’agriculture a calculé que plus de la moitié de la volaille était vendue en action dans le commerce de détail. Les sot-l’y-laisse restent une partie noble du poulet. A Saint-Aubin, il serait bon que le Canton laisse tomber
Jean-Luc Wenger
Le lobbyisme siphonant les principes démocratiques.
En intervenant – y compris par des méthodes favorisant la prévarication – auprès des représentants des pouvoirs, dans les démocraties dites « représentatives », les lobbyistes guident le droit de la bonne direction, à savoir la leur. Note :les représentants des petites organisations font aussi du lobbying, mais elles n’ont pas les moyens financiers susceptibles d’entraîner les pouvoirs censés représentés « Le Peuple », dans le champ de la prévarication.
Que le meilleur gagne ! Mais nous sommes là devant le royaume de l’argent fétiche. Le lobbyiste de l’argent pour continuer d’en gagner et éviter d’en perdre ! Pour continuer d’exercer des prérogatives, donc de maintenir des pouvoirs. Note : voir les affaires de pots-de-vin, en 2023.
Les moments « rationnels » ne sont pas souven une bonne grille de lecture pour analyser les problèmes qui sont posés. Comment comprendre rationnellement le nombre de lobbyistes qu’entretiennent les caisses maladie Suisses, à Berne, parmi les « représentants du Peuple ».Un article du Canard enchaîné de cette semaine (15.05.2024) montre bien ces actions de lobbyistes (et je ne pense pas que la situation soit spécifique à la France) – Pour la référence, voir la note 2.

Les lobbies se paient une super promo
Pour éviter une taxe sur les superprofits et sur les rachats d’actions ou empêcher la création. d’une commission d’enquête parlementaire, les grosses sociétés ont dépensé sans compter en 2023.
DE SACRÉS retardataire ! Au 1er mai – soit un mois après le délai légal -, 296 lobbyistes en tout genre n’avaient toujours pas déposé auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) les informations les concernant, contrairement à ce que la loi exige pourtant. Les 2618 « représentants d’intérêts » enregistrés auprès de la HATVP avaient jusqu’au 31 mars 2024 pour déclarer leurs activités de lobbying en France en 2023, et les moyens qu’ils y ont consacrés.
Parmi les mauvais élèves : l’agence de com’ TBWA, l’ordre des avocats à la cour de Paris, ou encore l’entreprise Chantiers de l’Atlantique… Elle a préfëré prendre le large ? Alors que la Haute Autorité doit publier en juin son bilan 2023, le Palmipède a déjà repéré quelques pépites parmi les « déclamtions d’activités » des uns et des autres.
• Les Gafam (Googel, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) disent avoir dépensé 6,1 millions d’euros en lobbying en France (+ 30 % en un an). Microsoft s’est montré le plus gourmand, y consacrant environ 2,1 millions d’euros entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2023 (soit une hausse de 100 % en un an !). Pour ce prix-là, ses lobbyistes – neuf équivalents temps plein – ont établi « une correspondance régulière (par courriel, courrier) »avec un conseiller du chef de l’Etat ainsi qu’avec différents «membres du gouvernement ou membres de cabinet ministériel» afin, dixit l’une des fiches d’activités de Microsoft, de « favoriser la transformation numérique de l’Etat ». Aussi ont-ils réfléchi à « la structuration d’une offre cloud de confiance répondant aux standards définis par le gouvemement français ». […]
• Google, pour sa part, a lâché 1,9 million d’euros en 2023 pour assurer sa proomo auprès des pouvoirs publics, mobilisant ainsi 23 lobbyistes à temps plein. Parmi les 75 « fiches d’activités » déclarées au cours de l’année, l’une, sans surprise, affiche lemême objectif que Microsoft: « Accompagner la transformation numérique de l’Etat [et] des collectivités par l’adoption (…) des solutions proposées par Google Cloud. »Google France a « organisé des discussions informelles »dans tous les ministères, mais aussi auprès d’une centaine d’élus de collectivité locales. […]
• Patrons de tous les pays, unissez-vous ! Le Medef a mis les bouchées doubles pour faire valoir sa cause : 2,1 millions de dépenses en lobbying pour 2023, contre 1,1 million en 2018 (+ 89 % en cinq ans) ! Ses 13 lobbyistes ont fait la tournée des popotes à l’Assemblée et au Sénat, invitant les parlementaires à « préserver les exonérations de cotisations patronales », à « privilégier la valorisation des bonnes pratiques en matière d’emploi des seniors plutôtqu’un index coercitif » ou encore à « supprimer le facteur « risque chimique » dans fond. de prévention de l’usure professionnelle ». […]
• En2023, la Fédération bancaire française – le lobby des banques – a dépensé 1,9 million d’euros pour défendre ses intérêts (+ 66 % par rapport à 2022 !). Dans la perspective du projet de loi de finances (PLF) 2024, elle a organisé différents tête-à-tête à l’Elysée et à Matignon, histoire de « maintenir le régime en vigueur applicable aux opérations de rachats d’actions ». Les discussions ont porté leurs fruits puisque ces derniers n’ont finalement pas été taxés, alors que Macron, en mars 2023, avait fustigé le « cynisme » de cette pratique à l’œuvre dans les grands groupes. […]
• TotalEnergies s’est démené – en vain – pour empêcher la création d’une commission d’enquête sénatoriale « sur les moyens mobiliséset mobilisables par l’Etat pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ». Le pétrolier a eu beau sortir 1,4 million d’euros de sa poche en 2023, la dite commission doit rendre ses conclusions à la mi-juin, […]
• En cinq ans, LVMH a doublé ses dépenses de lobbying : de 350000 euros environ en 2018 à 750000 euros en 2023. Le (petit) prix à payer pour « appuyer des demandes d’autorisation d’occupation temporaire (du domaine public) pour des événement. du groupe », à l’intar du défilé Louis Vuitton sur le Pont-Neuf, à Paris, ou du défilé Kenzo entre le Palais de Tokyo et la tour Eiffel…
• Sentant monter dangereusement le débat sur la taxation des superprofits, l’armateur CMA CGM, propriété du milliardaire Rodolphe Saadé, a sorti 550000 euros en 2023 afin, notamment, d’ « alerter les pouvoirs publics» – à commencer par l’Elysée et Matignon – « sur les risques associés a la mise en place d’un régime de taxation supplémentaire des résultats des entreprises françaises de transport maritime ». On comprend la détresse de Saadé. Le taux effectif d’imposition de CMA CGM a, en effet, atteint… 2 %, pour 23 milliards de profit ! Le tout grâce à une niche fiscale ultra-favorable aux armateurs. […]
Clara Bamberger
Le droit comme protection des profits au prix de la mise en danger des personnes (qu’on appelle « Le Peuple » quand on veut se servir de l’illusion démocratique)
En référence à l’émission A Bon Entendeur (RTS, 13 mai 2024) et en m’adressant un clin d’œil, dasn un renvoi à mon post du même jour
Dans un test sur la qualité des eaux minérales en bouteilles, on a trouvé du chlorothalonil dans d’Henniez – moi appartenant à Nestlé Waters. Des PFAS et d’autres substances ont été trouvées dans les eaux d’autres marques.
Sans refaire l’histoire précise de ce cas, il me paraît un bon exemple du droit employé pour, d’une part, donner l’impression qu’on contrôle; d’autre part, de donner aux puissants groupes, la possibilité de gagner du temps; enfin, d’affaiblir « La Démocratie» en donnant au « Peuple» plus que l’impression de se faire rouler dans la farine.
Syngenta a été condamné à ne plus vendre de chlorothalonil en Europe et en Suisse (il peut continuer d’en exporter au Brésil d’où il nous reviendra, via du soja … ).
Syngenta, entreprise suisse, a fait appel de sa condamnation et les vainqueurs – en première instance – n’ont plus le droit de mentionner le chlorothalonil et les risques afférents, en attendant le prochain round juridique.
Le droit a énoncé des normes qui permettent aux experts de se battre sur les quantités détectées des différentes substances, en arguant du fait qu’on est en dessous des normes. Que les normes soient plus l’expression de luttes de pouvoir entre experts que la traduction en chiffres de risques qu’on maîtrise, ne semblent pas représenter un problème.
Nous pouvons voir un droit, plus employé à la protection d’intérêts financiers de groupes puissants, – toujours prêt à utiliser l’argument des places de travail- au service de la santé des individus – à qui on pourra toujours dire que l’article premier de la Charte européenne protège leur dignité, éthique des droits oblige.
Il semblerait que Nestlé Waters avait proposé des remèdes pour améliorer la qualité de l’eau d’Henniez. La marque en aurait été empêchée, toujours au nom de normes de droit.
Les polluants sont partout, on ne peut pas les éviter – c’est même une compétence des PFAS de ne pouvoir disparaître. Proposition: pourquoi ne pas utiliser les ressources du marketing, à contre-emploi.
Après avoir permis la vente de la pureté des eaux minérales et de la santé, on pourrait imposer, aux sociétés qui font le commerce des eaux minérales, à dé-vendre la pureté, en mettant en évidence les dangers des traitements effectués « car nous nous préoccupons de votre santé ».

© Hermann et La Tribune de Genève
En attendant une suite…
Se revendiquant des Etats, les organisations internationales sont des machines à écrire le droit en attente de contournement. Comme avec les prolétaires consommateurs, dans la société civile, les Etats sont tous libres et égaux, surtout ceux qui ont le droit de veto. L’ONU serait-elle un bon exemple du fonctionnement de la démocratie ?
Pour judiciarisation et une illustrtion du serpent qui se mord la queue, un bon exemple semble celui du droit de veto à l’ONU des cinq membres permanents. La Chine et la Russie sont, par ailleurs, les animateurs de l’élargissement des BRICS sous l’appellation « sud global ». Le doit peut servir à semer la confusion, au niveau géopolitique.
Et le libertarianisme, comme le marché, ne peut fonctionner qu’avec la judiciarisation que pratiquent les Etats. Tel un poison dans l’eau, il joue des contradiction entre les différents droits.
Le lobbying triomphant – pas celui des O.N.G. pauvres – est étroitement dépendant de la judiciarisation générale et du droit qu’il contribue souvent à formater, par les notes qu’il rédige pour les politiques.
L’argent-fétiche permet de gagner les procès à ceux qui ont les services juridiques les plus « experts » – dont, les plus chers – non pas peur de s’engager dans les procédures les plus longues.
Ceux qui n’ont pas l’argent-fétiche hésitent à entamer des procédures, ce qui permet à ceux qui le détiennent de réaliser des économies de procédures, ce qui permet de financer les services des meilleurs juristes.
Est-il impensable d’imaginer la démocratie utilisant le droit pour atteindre les objectifs qu’elle prétend vouloir réaliser, quand sa représentation quémande les voix du « Peuple », lors de (ré)élections ?
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin le con trop verse
Aymé Shaman, manquant de liquidités
[1] Voir Alain Supiot, 2020, La Gouvernance par les nombres Cours au Collège de France (2012-2
[2] Des amis se sont étonnés – certains même m’ont reproché – de citer des hebdomadaires satiristes comme références. S’ils existent toujours, cela veut dire que leurs pratiques journalistiques sont fiables – sinon ils auraient croulé sous les procès. Ils m’informent toutes les semaines au lieu de, pour la plupart, transmettre des dépêches d’agences. Leur forme – la satire – me permet de repeindre ma façade et de sembler, sinon optimiste, au moins faisant preuve d’humour. Je rappelle ma conception de l’humour : capacité à transformer les sujet de désespoir en objet d’étonnement.