Kratos (Cratos) and Euphrosyne (Euthymia) © Meisterdrucke
Grec Kratos ou Cratos : est une divinité représentant la force, le pouvoir, la vigueur. Grec Archos : Maître, chef, dirigeant.
Il faut que l’imagination pense trop pour que la pensée ait assez.
Gaston Bachelard.
Par quoi remplacer la démocratie ?
Un ami, chez moi, entre la poire et le fromage : ” Changer la démocratie… Tu la remplaces par quoi ? « . C’est le moment rêvé où l’on tente des répnses plutôt que d’utiliser un joker.
En référence aux étymologies, on pourrait conclure rapidement qu’il faudrait que la démocratie cède la place à la démo-archie.
Si je suis capable de répondre de façon pertinente à la question, cet ami a des excellents fréquentations. Mais selon la réponse que je donne à cet ami, il y a peut-être des chances que cet ami ne soit plus de mes amis car je serai devenu le « représentant » d’un Demos que j’estime ne plus être représenté, donc non représentatif.
Et fort de ma raison, j’exercerai mon -cratos d’une manière rationnelle. La technique me le permettant, la gouvernance se fera par les nombres [1] : la raison sera devenue aveugle et ma folie parfaitement rationnelle.
Suite au post du 19 mai 2024
Je parlais un jour avec un ami qui me disait qu’en italien « casé » se dit systemato. J’avais trouvé ça très bien qu’au lieu de dire : « Untel est casé », « Untel est marié », on puisse l’imaginer « systèmé » pris dans un système…. Barthes, Roland. Le Neutre. Cours au Collège de France 1977 – 1978. 2002: 41
Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent
George Orwell
Fin des « politiques » … Faim de politique
Brandissant son super-fétiche, l’argent, et avec l’aide de ses séides, les lobbyistes, l’économie néo-libérale dirige le politique en lui faisant croire que c’est lui, le politique, qui dirige l’économie[2].
Monsieur Fillon n’imaginait pas le Général de Gaulle mis en examen… Et il semblerait que le premier compte ouvert en Suisse par Monsieur Cahuzac l’a été pour dissimuler des fonds de campagne en faveur de Michel Rocard.
Que seraient Trump, Bolsonaro, Poutine, Milei, etc. sans cette économie et/ou ces mafias qui les autorisent ? Accessoirement : que serait cette économie sans les inégalités qui la permettent ? Que serait la famille Bongo… (c’est sans fin. Je m’arrête car je vais mettre le montant de ma retraite mensuelle).
Jusqu’à la caricature… Qui dirige Marseille, Darmalin, promettant comme ses prédécesseurs une augmentation des effectifs policiers ou les dealers locaux offrant des salaires royaux aux gamins qui font le chouf ? Prendre ces lunettes et regarder les interventions de Macron, Ciotti, Le Maire, Mélenchon, Le Pen, etc. Pour rester en France et pour une rapide analyse des discours. Prenez un Etat, baptisez le Démocratie. Alors la délinquance et le mensonge se métamorphoseront en « Raison d’Etat », laquelle se transformera en alibi, prouvant la vertu de leurs auteurs. Salut Mandeville !
Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice.
George Orwell Vérité et mensonge
L’affaiblissement continu…
« Démocratie » est devenue un mot-amibe et, comme dans une auberge espagnole, chacun arrive avec ses idées de menus. À un détail près : c’est Le Fétiche qui décide des commandes, pour la cuisine
Je constate simplement que le politique se pose toujours la question du financement des mesures qui peuvent aider « le Peuple » et qu’il accepte, sans barguigner, les dépenses censées entretenir ou relancer la sacro-sainte croissance sans s’inquiéter de où trouver l’argent.Dès que des esquisses des solutions sont évoquées, qui risqueraient affaiblir Le Fétiche, l’échec est programmé : mesures dilatoires, rationalisation et invocation de la statistique comme « raison » (gouvernance par les nombres), etc.[3]
À propos de la perception d’un affaiblissement…
Une réflexion de Mathieu Glayre, dans le journal bimestriel Moins ! (mai-juin 2024), à propos d’une votation qui azura lieu, début juin, en Suisse. Les sujets de la votation importe moins que la remarque désabusée.
Une démocratie vide qui cache les vrais enjeux
Cette campagne illustre ainsi à la perfection le fonctionnement d’une «démocratie» suisse en forme de coquille vide, qui génère des tempêtes dans un verre d’eau afin de faire croire au peuple que c’est lui qui décide, alors que les véritables questions et intérêts sont soigneusement escamotés. De la « lutte des classes », les classes dirigeantes sont parvenues à nous enrôler dans une « collaboration des, classes » dans laquelle employés et patrons, gauche et droite, ONG et Etat tirent à la même corde des privilégiés, contre les peuples du Sud, les générations futures et la nature. . Que cette loi passe ou qu’elle ne passe pas, nul doute que la législation et la pratique nous permettront de continuer à nous acheter une bonne conscience en faisant semblant d’agir contre le réchauffement climatique, sans que le catastrophique bilan écologique et social de Ia Suisse ne change fondamentalement. En prônant un réformisme qui ne fait qu’entretenir un système mortifère plutôt qu’ en travaillant à son renversement, la majorité des écologistes et de la gauche institutionnels se rendent co-responsables de ses conséquences.
Bien sûr, on pourra toujours se rassurer en prétendant qu’il ne s’agit là que d’un propos, dans un journal « décroissant ». Et moi, je me console en voyant des « Gens » (partie du « Peuple ») réagir dans la décroissance, plutôt que de rechercher des bouc-émissaires, dans la pureté d’une race (dont ils seraient, bien entendu, les étalons).On peut en effet penser que la décroissance est un véritable « grand remplacement ».
Si tu désires un esclave fidèle, offre-lui un sous-esclave.
Günther Anders, La Catacombe de Molussie
Le grand-Fétiche en manque…
Le grand Fétiche est toujours en manque. Manque chez celles et ceux qui souffrent de pléonexie [4] ; Manque chez celles et ceux qui n’ont pas ou plus assez pour faire face aux dépenses contraintes ; manque chez celles et ceux chez qui le manque de numéraire ne permet plus de satisfaire les désirs qui occulteraient la frustration deS « manqueS ».
J’invite les psychothérapeutes au chevet des pléonexiques. Si leurs thérapies sont couronnées de succès, le manque du deuxième groupe sera résolu par la nouvelle répartition du « trop » vers le « pas assez ». Je suis intéressé par le troisième groupe, celui que les politiques nomment de plus en plus fréquemment « la classe moyenne », « les classes moyennes », celles où les pleonexiques estiment qu’il y a encore à prendre pour devenir plus riche.
Je ne comprends pas le mot « Sobriété ». Enfermez-moi, que je reste libre !
Quand on a un environnement se réclamant de l’éthique des droits, pour les individus, tout changement est perçu comme une spoliation, égal à une privation de liberté. Dans un système d’économie de l’attention et de prolétarisation des consommateurs, où l’illusion de l’individualité se crée sur les différences marginales injectées dans la marchandise, cette liberté crépusculaire est nécessaire pour masquer notre appartenance au troupeau des ego-grégaires.
Tableau © Andrew Scott

Le « Peuple », s’il ne reçoit pas le numéraire indispensable pour entretenir la confusion entre ses besoins et ses désirs, s’il se sent bridé dans ses derniers, s’aperçoit immédiatement de son enfermement : il crie à l’entrave aux libertés – et il se met alors en recherche d’un bouc émissaire que les politiques se feront un plaisir de lui offrir.
Les discours alterneront entre « Classe moyenne » et « Peuple ». Notons toutefois : la classe moyenne a tout à perdre et le Peuple, s’il veut bien voter, à tout à gagner – et c’est la justesse de son vote qui fera perdre la classe moyenne !
Dans le racolage, la rhétorique politicienne navigue entre les deux. Il serait peut-être intéressant d’essayer de classer les partis sur l’échiquier, en fonction du recours à ces vocables. Comptons le nombre d’inférences de « Peuple » et de « Classe moyenne » dans les envolées mobilisatrices. Ça ne serait pas moins pertinent que de parler de « gauche » ou de « droite ».
Histoire vécue
Dans les années 2005-2010, j’ai eu l’opportunité de m’occuper d’un banquier qui avait perdu sa place. C’était un homme détruit qui n’admettait pas d’avoir perdu son job après autant de réussites professionnelles et privées. quand on l’interrogeait sur la nature de ses succès, on s’apercevait que :
sur le plan professionnel, il avait certainement permis d’excellents rendements à certains. Il avait également mis en place des éléments de motivation (incentives) qui crée des problèmes moraux à des caissiers honnêtes, obligés, s’ils voulait atteindre leurs objectifs, de vendre des cartes American Express à de vieilles dames qui leur faisaient confiance ;
sur le plan privé, il « possédait » trois résidences. Mais le système fiscal suisse lui permettait surtout d’avoir créé une dette hypothécaire considérable, dette garantie par son niveau de salaire, donc dette qui ne pouvait plus être honorée.
Il n’empêche que cette personne se vivait comme un exemple de réussite personnelle qu’on avait abattue en plein vol.
Pour réduire la durée, le mieux est d’empêcher les consommateurs de consacrer trop d’attention un même objet, de le désirer trop longtemps ; il faut qu’ils soient impatients, impétueux et irritables, qu’on puisse facilement éveiller leurs désirs et leur faire perdre rapidement leur intérêt pour un objet déterminé. […] On assiste alors à une inversion du rapport traditionnel entre les besoins et leur satisfaction : la promesse et l’espoir de la satisfaction précédent maintenant le besoin à satisfaire, et seront toujours plus fort et plus attirants que les besoins réels. Zygmunt Bauman. Le Coût humain de la mondialisation. 1999:125.
Les revers d’un coup du droit.
Quand la « Classe moyenne » comprend le droit de travers, l’effet risque d’être contre-productif. Il suffit d’avoir un peu – beaucoup – passionnément – du Fétiche à disposition, pour faire un pied de nez à ceux qui prétendent limiter NOS libertés.
Le malus vous salue bien.
POUR que les amateurs de grosses bagnoles arrêtent d’acheter des pick-up, ces monstres à benne tout terrain qui pèsent 2 ou 3 tonnes et émettent du C02 comme s’il en pleuvait, mais qui échappent aux malus frappant les SUV – car ils servent surtout aux professionnels -, en 2019, l’Etat a collé un malus maous aux plus voyants d’entre eux. Très efficace: les ventes de pick-up double cabine à cinq places ont chuté de moitié, passant de 22 000 à 10000 par an.
Mais les frimeurs continuent de se ruer sur la gamme des autres pick-up. A la fin de l’année dernière, le gouvernement a décidé de dégainer un nouveau malus de 60 000 euros (ce qui double, carrément, le prix d’achat). Il devait s’appliquer dès le 1er janvier dernier. Mais ça cafouille sec : Bercy n’a toujours pas signé le décret d’application …
C’est que les professionnels (artisans, BTP, ambulanciers en montagne, bûcherons, pompiers, etc.) qui ne s’en servent pas que pour frimer mais pour bosser ont crié à la « perte de compétitivité » de leur entreprise ( « Le Parisien », 13/5).Et l’ont fait savoir haut et fort à Bercy. Résultat : le décret instituant le malus n’est toujours pas sorti. Une réunion de crise est prévue à Bercy le 24 mai. Il y aurait bien une solution : que les pros s’achètent des pick-up électriques, qui, nettement moins toxiques, échappent aux malus. Mais le seul constructeur est chinois, alors … Encore un coup tordu de la méchante écologie punitive !
Schizoïdie fonctionnelle. Ce comportement, que le droit prétendait limiter contribue à entretenir la « croissance ». Mais le droit aura rempli sa fonction : NOUS aurons fait quelque chose pour l’environnement.

Emincer les normes…
Un livre à mettre dans toutes les classes
Philippe Clément Vigousse vendredi 17 mai 2024

Joyeux, complice, tendre, sombre, triste, violent et instructif: Silence, on ferme ! est tout ça à la fois. Un ouvrage sur la condition paysanne suisse, essentiel et trop indispensable pour rester dans l’anonymat.
[…]
Impuissant, on le regarde lui l’idéaliste, l’engagé, se noyer petit à petit dans les méandres nauséabonds des normes, de la mondialisation, des combats truqués perdus d’avance, trahi par les siens dans sa lutte contre l’hydre de la bureaucratie et les 4000 (!) pages du catalogues PER*. « Qu’est-ce qu’ils veulent à la fin, avec leurs lois aberrantes, leurs règlements, leurs bons conseils et leurs jugements à l’emporte-pièce ? […] Pourquoi les cravatés de l’OFRAG** savent-ils mieux que moi ce dont mon sol a besoin? Pourquoi savent-ils mieux que moi comment mes vaches se sentent bien ? Où ont-ils appris tout ça ? Pourquoi sont-ils devenus plus forts ? » […]
* PER: Prestations écologiques requises
** OF(R)AG : n.d.Del. Office Fédéral de l’Agriculture
En attendant ? l’gros dos…
Même la Cour Pénale Internationale (CPI) commence à croire – au moins en apparence – aux vertus du droit, malgré le fait qu’il s’attaquerait à des puissants. Vous n’avez pas reconnu la CPI ? Tremblez quand même !
Il est facile d’objecter que cet état a toujours existé, qu’il n’y a rien de changé. Effectivement, quand on ne veut rien changer, on dit que ça a toujours existé.
Tout va bien. En France, le ministère de l’agriculture vient de pondre les normes du troisième plan, pour calmer les agriculteurs productivistes : ils pourront continuer de déverser différentes substances sur les récoltes, au mépris des alertes. Vive le plan Echophyto 2030. L’environnement n’a qu’à bien se tenir et les humains continuer de se nourrir.
© Vera Makina Illustration à l’article Conflit de canard, Scherlock, voilà un nouvel indice !, Le Canard enchaîné 22 mai 2024

Pendant que des paysans se battent contre 4000 pages de PER, des agriculteurs peuvent continuer de tuer des sols, déverser des saloperies, et Syngenta (et d’autres) de verser des dividendes.
La fonctionnalité du droit permet la reproduction du principe « tous coupables, aucun responsable ».
Le droit balaye le spectre pour protéger l’humain de tout, excepté des hommes.
Permettant à l’économie d’entretenir l’illusion de sa permanence, ce droit offre en même temps aux politiques la permanence de leurs illusions.
Nous retrouvons enfin l’éthique des droits…
C’est en tant que morts en sursis que nous existons désormais. Et c’est vraiment la première fois.
Günther Anders L’obsolescence de l’homme
[1] Voir Alain Supiot, 2020, La Gouvernance par les nombres Cours au Collège de France (2012-2
[2] A certains moments de l’histoire, le lien n’était pas discret. Voir l’interventionnisme de Milton Friedman et des ses boys, au Chili.
[3] Dans leur livre Comment bifurquer. Les principes de la planification écologique – en particulier, le chapitre 6. L’investissement écosocialiste – (2024:161-165), Durand et Keucheyan nous donne quelques exemples d’arguments employés, en ce qui concerne la socialisation des avis et la planification.
[4] (du grec πλεονεξία, pleonexia), désir d’avoir plus que les autres, de vouloir posséder toujours plus. Voir le livre de Dany-Robert Dufour, Pleonexie, paru en 2015.