Je blogue, donc je pollue ! (1)

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Internet magique et immatériel ?

En discutant avec des jeunes adultes critiques et écologistes, je me suis aperçu qu’ils n’avaient pas conscience du « côté obscur de la force » : la matérialité polluante de l’industrie numérique en général et d’Internet en particulier. j’ai donc décidé, sur cet aspect, de faire un résumé d’un petit livre fort instructif parue en 2015 : Coline Tison. Internet : ce qui nous échappe. Temps, énergie, gestion de nos données. Gap. Éditions Yves Michel.

À consommer avec modération !

Internet : matière et énergie

A première vue, je suis écolo et dans une démarche durable puisque je suis « sur Internet ». En effet, tout y semble Smart, friendly,… Magique et immatériel ! « En réalité, Internet et réseaux. Réseau constitué de câbles, des milliers de kilomètres de câbles enfouis sous les mers, sur les autoroutes, dans les canalisations des villes. » (Tison : 27).
• 260 énormes câbles enfouis dans les fonds marins.
• Plus de 35 000 réseaux qui coexistent
• Des millions de routeurs (les aiguilleurs du réseau).
• Quelques millions de serveurs.

Internet est une industrie dont les places fortes sont les data-centers (surveiller en permanence, travaillant 24 heures sur 24, protégée parfois par des antimissiles ou les drones). Ce sont les banques du XXIe siècle, le cœur stratégique du réseau.

L’énergie qui coule dans les câbles d’Internet, c’est l’électricité et le moins qu’on puisse dire c’est que les data centers sont voraces (Tison : 30).

Alain Anglade (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie-ADEME) a tenté de calculer combien coûtait l’envoi d’un mail avec une pièce jointe de 1Mo : consommation de 24 wattheures (= une ampoule basse consommation de forte puissance pendant une heure). Sans pièce jointe, c’est en moyenne cinq wattheures.

10 milliards de mails envoyés en une heure, c’est donc en moyenne 50 GW heures (l’équivalent de la production électrique de 15 centrales nucléaires pendant une heure). En équivalent pétrole = 4000 tonnes = 4000 allers-retours Paris New York en avion, pour une heure d’échanges de mails sur le réseau.

Pour fonctionner, Google, à lui seul exigeant continu, autant de puissance électrique que la ville de Bordeaux.

(à suivre)

Pour beaucoup, désormais « vivre », c’est regarder les chiffres que publient les applications de bio-feedback que nous avons installées – servitude volontaire ! – sur nos smartphones (comme si l’on voyageait sur le transsibérien en ayant l’œil qui ne quitte pas le viseur d’une caméra, étant persuadé qu’on traverse la Sibérie). Pauvre Blaise Cendrars qui ne savait pas vivre !Aimé Shaman