Je blogue, donc je pollue ! (2)

Je blogue, donc je pollue ! (2)

(Suite)
(Source : Coline Tison. 2015. Internet : ce qui nous échappe. Temps, énergie, gestion de nos données. Gap. Éditions Yves Michel)

L’intérieur d’un data center.

4500 m², 8000 m² parfois. Tous les data Center sont à peu près identiques :
• Des salles divisées en grille (comme au jour).
• À l’intérieur des cages, des milliers d’étagères remplies de serveurs.
• Des ordinateurs sans clavier ni écran qui clignotent, empilés les uns sur les autres, relié à des câbles.
• Bruit terrible de soufflerie. Il fait chaud.
• Les énormes systèmes de refroidissement représentent 40 % de la facture électrique d’un datacenter.
• « C’est comme dans une usine, sauf qu’il n’y a pas d’ouvriers. » (Tison : 32).

Tous les ordinateurs sont alimentés en permanence, ils sont l’âme du réseau et consomme entre 30 et 70% de l’électricité totale du datacenter. L’autre partie de l’électricité sert à refroidir ses ordinateurs. Car pour chaque watt d’électricité injecté dans les machines, il ressort, selon la loi élémentaire de l’énergie, 1 W de chaleur. Et, si la température dépasse les 35°, les serveurs s’éteignent, meurent et se crachent.

Fabrice Coquio, directeur d’Interxion (cité par Tison : 32) : « Un datacenter n’est rien d’autre que des frigidaires qui tentent de refroidir une pièce remplie de radiateurs… ».

Datacenter ou la paranoïa comme compétence.

Les datacenters ont une obsession : perdre les données numériques. Pour éviter le crash numérique, tous les équipements sont multipliés par deux ou par trois, au cas où… dans le langage technique, qu’on appelle cela la marge, la redondance.
La redondance s’applique à tous les niveaux matériels :
• on multiplie les serveurs ;
• on multiplie les disques durs ;
• on multiplie la partie distribution d’énergie production du froid ;
• on multiplie la partie distribution du froid ;
• etc.

Auparavant, on aura dédoublé les sources d’alimentation en énergie. Si une vient du nord, l’autre viendra du Sud. Mais si jamais il devait y avoir une panne simultanée sur les deux réseaux électriques, alors les gérants des datacenters ont dans leur sous-sol des bons vieux générateurs qui, lorsqu’ils sont mis en route, crache une épaisse fumée qui recréait l’ambiance des usines de charbon, au XIXe siècle.

(à suivre)

Dans une société quantophrénique (où n’a de valeur que ce qui se mesure, où tout doit arriver à se mesurer, où ce qui ne peut se mesurer n’est pas pris en compte – voire n’existe pas), les chiffres publiés doivent nous faire prendre conscience de l’hùbris, de la démesure et ce, quelque soit « le camp » de ceux qui publient les chiffres.Aimé Shaman