… Avec un soupçon de réserve toutefois… (Brassens)
Ce soir, 3 mai, débat entre Madame Le Pen et Monsieur Macron. Madame Le Pen connaît déjà son premier ministre. Quant à Monsieur Macron, il n’a pas encore tranché qui, d’entre Robert Hue et Alain Madelin, décrochera le super maroquin (avec permis de séjour).
Ce débat est essentiel pour feindre de continuer de croire que l’avenir de la France dépend du choix des Français_e_s entre deux individus, et que les deux ne sont pas les épiphénomènes d’un système politico-économique mondial en recherche de « durabilité » dans son développement.
Et le 7 mai, je feindrai -car j’entendrai encore mes parents qui me disaient qu’il « faut » aller voter en pensant à toutes celles et à tous ceux qui ne peuvent pas exprimer leurs opinions. La démocratie étant « le pire système à l’exception de tous les autres », j’oublierai la monarchie républicaine et le simulacre, mais je ne simulerai aucun orgasme.
En attendant la montée au front – niveau international – des exégètes et herméneutes de tous poils, la dédiabolisation du Front National ayant déjà eu lieu, je gagnerai du temps en ne regardant pas le débat. Je continuerai de relire la prose de ce jeune homme de 96 ans, Edgar Morin, dans son livre, connaissance. Ignorance. Mystère (2017).
La Planète subira de plus en plus deux types de crise de civilisation ; la crise des civilisations traditionnelles sous les effets de l’occidentalisation, la crise de la civilisation occidentale où le bien-être matériel n’a pas forcément produit le bien-vivre, où le calcul, le profit, la standardisation de la vie sont devenus hégémoniques. Ces deux crises suscitent de plus en plus d’insatisfactions, de rancœurs, de frustrations, de révoltes ; ces deux crises se lient dans la crise de l’humanité qui n’arrive pas à devenir humanité
[…]
La multiplication des sources de conflits, des situations de guerre, provoque le déchaînement des fanatismes ethniques, nationaux, religieux, qui ont conduit à la désintégration de nations, comme la Libye, l’Irak, la Syrie, conflits s’internationalisant et répandant leurs métastases sur l’ensemble de la planète.
L’aggravation des relations entre le monde occidental et le monde arabo-islamique est devenue une source croissante de séditions et violences.
La multiplication des migrations de guerre, de persécutions, de misère, provoque des réactions de plus en plus xénophobes et racistes dans les pays qui refusent l’accueil ou parquent les réfugiés dans les camps.
Le somnambulisme du monde politique, qui vit au jour le jour, du monde intellectuel aveugle à la complexité, l’inconscience généralisée contribuent à la marche vers les désastres.
Tout concourt donc à nous faire envisager la probabilité d’un avenir où une multiplicité de catastrophes se provoquant les unes les autres conduiraient à de grands cataclysmes frappants tous les aspects de la vie humaine, opérant des régressions générales de civilisation, dont seraient victimes les libertés, les démocraties, les conquêtes sociales subsistant encore. Bien entendu, ce ne sont que des probabilités, rien n’est certain, mais on ne saurait échapper à ce probable qu’en changeant de voix.
[…] (p. 158-157).
Qu’arrivent donc les exégètes et les herméneutes, au soir du 3 mai. Ma religion est faite : ils ne « causeront » que d’épiphénomènes. L’un expliquera qu’il faut se sortir les pouces pour porter des costumes à la place de T-shirt (tout le monde n’a pas des amis pour les offrir – les costumes, pas les T-shirts !) et l’autre tentera de démontrer que ces pouces sont un peu gros pour être les nôtres, que ce ne sont pas des pouces et qu’ils appartiennent à ceux sans qui nous privent des ressources pour acheter des costumes. Les deux ne parleront que d’une continuité dans la prolétarisation des consommateurs.
C’était en quelle année déjà l’histoire de Fernand Raynaud, du boulanger qui venait manger le pain des français ?
À titre personnel, dans ce domaine, – irénisme – je ne crois qu’à la « morale », la morale étant définie comme le respect de la parole que l’on aura librement émise. A ce stade, les paroles de messieurs Fillon, Valls, Dupont-Aignan, etc. se rejoignent dans, sinon l’immoralité, au moins dans l’obscénité.
Macron : En Marche et dans Match ! Aimé Shaman