Homo politicus simplex

Mourir pour des idées, l’idée est excellente… (Brassens

Samedi 29 avril, Monsieur Nicolas Dupont-Aignan a « fait cadeau » de ses électeurs à Madame Le Pen et ce, certainement pour des raisons de convictions profondes plutôt que pour des questions de non-remboursement de frais de campagne. Oui, convictions profondes : Madame Le Pen a jugé qu’il valait la peine d’amender six de ses 144 propositions pour tenter les 4,7 % du souverainiste.

« Alternative facts » ou (et ?) Post-modernité ? Il faudra désormais imaginer le général De Gaulle faisant allégeance à Pétain.

La politique, c’est quand même simple. Mais malgré tout, faisons-nous mal avec la complexité en lisant les pages du dernier livre de Edgar Morin, connaissance. Ignorance. Mystère (2017).

Tout d’abord l’aventure de la mondialisation est profondément ambivalente, et il est difficile de mesurer l’importance comparée de ses caractères négatifs et positifs : ces impératifs, croissance, développement, occidentalisation, produisent des processus positifs qui sapent les autoritarisme des sociétés traditionnelles, créent des zones de prospérité, favorisent les échanges culturels internationaux, mais produisent en contrepartie des processus négatifs, convertissent massivement des pauvretés en misère, accroissent sans discontinuer les inégalités, détruisent les solidarités, perturbent les civilisations traditionnelles et les régulations naturelles de la biosphère.
L’unification techno-économique du globe et la multiplication des communications ont provoqué non pas une conscience de communauté de destins humains, mais, au contraire, des replis particulitaristes sur des identités ethniques et/ou religieuses ; non pas une grande non, mais une multiplication de dislocations et ruptures politiques et culturelles dégénérant en conflits.
Au-delà de ses ambivalences, le processus mondialisant, qui continue de façon irrésistible, tend à accroître, accumuler et combiner des processus conduisant à des catastrophes en chaîne.
[…]
L’hégémonie mondiale de la finance sur les économies et sur les États à provoquer le règne du profit immédiat soumettant États-nation et genre humain à son empire.
L’absence de véritable régulation pour l’économie mondialisée a suscité les appropriations spéculatives, l’énorme puissance financière des mafias, les évasions de capitaux puis la crise financière de 2008 qui se poursuit par soubresauts, aggravant le sort des classes pauvres et moyennes (p. 156-157).

À l’immédiat de la simplification, il faut substituer l’urgence de la complexité. Et avant toute chose, il faut se souvenir de ce que disait Bernard Stiegler dans son livre ( Pharmacologie du Front National ), et arrêter de prendre les électeurs de Madame Le Pen pour les imbéciles (on peut ajouter ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour et qui, s’ils veulent être cohérents, doivent être bien embêtés pour le second tour). On se rappellera aussi avec intérêt de ce qu’écrit Jean-Claude Michéa sur le populisme. Ceci impose de mettre également Monsieur Macron comme tous les tenants de la « religion du progrès » (et de gauche, et de droite) sous surveillance.

La France et ses zélotes ! une « caste républicaine » et des bêtes à concours ayant tout fait pour appartenir à cette caste, distribuent des prébendes et des Légions d’honneur à quelques individus pour continuer de profiter de privilèges. À chaque échéance électorale, cette engeance regroupe la diversité qu’elle ne connaît pas, se croit autorisée à parler en son nom en la désignant du nom générique de « peuple » et dénonce à cette occasion « les élites ». Aimé Shaman