Le complexe Orphée (4)

Le complexe Orphée (4)

Michéa, à consommer sans modération ! (suite)

Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée. La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès. (2011. Paris. Flammarion).

[2] On aura aucune peine à retrouver, dans cette nouvelle organisation capitaliste du travail, l’origine véritable de toutes les idées d’un Philippe Meirieu et du Sgen-CFDT sur la réforme de récole : terminologie empruntée au «nouveau management» de l’entreprise libérale «projet», «objectifs», «savoir-être», etc.); invitation à substituer à l’enseignement des disciplines et des métiers une bouillie «pédagogique» fondée sur les notions de «compétences transversales», d’«interdisciplinarité» et de «polyvalence» des enseignants; enfin, et surtout, l’idée que la fonction première de l’école ne doit plus être de développer la culture et l’intelligence critique des élèves à travers la maîtrise de connaissances précises et organisées (et, en premier lieu, de la langue française) mais d’«apprendre à apprendre», c’est-à-dire de préparer les élèves à la nouvelle flexibilité du marché capitaliste et au fait qu’il ne connaîtront plus, pour la grande majorité d’entre eux, que des petits boulots intermittents qui ne solliciteront effectivement qu’un nombre réduit de «compétences transversales».

C’est, d’ailleurs, à partir de la réforme de l’enseignement agricole mise en œuvre par Michel Rocard en 1984 – réforme qui symbolisait de manière exemplaire le tournant libéral de la gauche et dont l’objectif premier était d’adapter cet enseignement aux exigences politiques du lobby agro-industriel – que Philippe Meirieu et son armée de disciples aux dents longues (à l’image de l’incroyable inspecteur Frackowiak) ont commencé à investir l’enseignement des «sciences» de l’éducation et à contrôler progressivement tous les postes de commande effectifs de l’Éducation nationale (de même que toutes les rubriques correspondantes des médias officiels). Tout en continuant à se présenter, dans la meilleure tradition des idéologues de gauche, comme de courageux militants «désobéissants», «minoritaires» et «persécutés». (Michéa, 2011 :268-9)

Un socialiste n’est souvent qu’un bourgeois ne supportant pas son égoïsme et qui, pour croire à son altruisme, a besoin de distribuer de l’argent public. Aimé Shaman