Le condor et le réveil
Et Dieu dans sa bonté inventa le sommeil.
Pourquoi a-t-il créé une chose pareille ?
Pour simplement connaître le plaisir du réveil,
Redécouvrir sans fin cette joie sans pareille
De constater qu’hier portait déjà la veille.
Tu ouvres les sabords, tu remonte les stores,
Tu retrouves en douceur les contours de ton corps.
Tu dors en pointillé, tu te dis « J’suis pas mort »
Réveil intérimaire qui souffle « Dors encore ! »
Instant d’une boussole qui cherche encore son nord.
Vis ce moment d’horloge qui ne connais plus l’heure,
Où le monde résume à la simple chaleur.
Ecoute tes musiques sur les rythmes du cœur,
Chante les sons, les mots et renais rimailleur.
La langueur t’appartient, traîne-là en longueur…
Mets en nantissement tes veilles de Grand Soir :
Tu signe avec ton temps un beau crédit lombard !
Ce matin pas de files et pas de quai hagard,
Pas d’insultes faciles dans le faisceau des phares :
Tu regardes Ikea et tes portes d’armoire…