Le Même tua l’Autre et créa la différence !

Le Même tua l’Autre et créa la différence !

La violence neuronale ne vient pas d’une négativité étrangère au système. Elle est plutôt une négativité systémique, c’est-à-dire une violence immanente au système. La dépression, le TDAH, ou le TPB, indiquent tous un excès de positivité. Le TPB est une brûlure du Moi, une surchauffe qui renvoie à un trop-plein de même. L’hyper dans l’hyperactivité n’est pas une catégorie immunologique. L’hyper représente seulement une massification du positif.Byung-Chul Han

La thèse de Byung-Chul Han qui explique le pathologique de notre système par un excès de positivité est séduisante car elle permet de dépasser les thérapies qui consistent à « faire plus la même chose ».
Longs extraits de son chapitre II: La violence neuronale.
Ce XXIe siècle naissant n’est, d’un point de vue pathologique, ni bactérien, ni viral : il est neuronal. Les affections neuronales telles que la dépression, le trouble de déficit de l’attention-hyperactivité (TDAH), le trouble de la personnalité borderline (TPB) ou le syndrome du burnout, dessine le paysage pathologique de ce début de siècle. Ce ne sont pas des infections, ce sont des infarctus. Ils ne sont pas causés par la négativité de ce qui nous est autre, d’un point de vue immunologique, mais par l’excès de positivité. Ils échappent ainsi à toute technique immunologique, concourant, elle, à empêcher la négativité de ce qui nous est étranger. /…/
/…/Aujourd’hui, la différence est en train de remplacer l’altérité et la différence n’appelle pas de réaction immunitaire. La différence post immunologique, voire postmoderne, me rend plus malade. Au niveau immunologique, elle est l’égal./../. Même l’étrangeté s’atténue pour devenir une formule de consommation. L’étranger disparaît devant l’exotique. Le touriste lui rend visite. Le touriste ou le consommateur ne sont plus des sujets immunologiques.
/…/Même l’« immigrant » n’est plus aujourd’hui un autre, immunologiquement parlant, un étranger, au sens emphatique, source d’un danger véritable ou objet de notre peur. Les immigrés ou les réfugiés sont plutôt perçus comme des fardeaux que comme des menaces.
/…/ Le paradigme immunologique est incompatible avec le processus de mondialisation. L’altérité appelant une réaction immunitaire irait contre le processus d’abolition des frontières.
/…/ Dans un système dominé par le même, renforcer les défenses n’a pas de sens. Nous devons faire la différence entre le rejet immunitaire et le rejet non-immunitaire. Celui-ci concerne le trop-plein de même, l’excès de positivité. /…/Le sujet immunologique avec son intériorité repousse l’autre, l’exclut, même s’il n’existe qu’en quantités infimes. (Byung-Chul Han, La Société de la fatigue, pp. 39-44)