Narcisses en toutes saisons

Narcisses en toutes saisons

Comme l’écrit (je crois) Pascal Chabot dans L’âge des transitions ( Paris. PUF. 2015), le destin échappe à l’humain de façon inédite et mondialisée.Et plus son destin lui échappe, et plus l’individu ramène le monde à lui, dans un exercice nombriliste et spéculaire.

Je publie une info sur Facebook. Un_e ami_e « like ». À mon tour, satisfait d’avoir été « liké », je like le like. Reflet du reflet du reflet… confirmant l’idée que mon avatar se fait de moi-même… Un caméléon n’a la couleur d’un caméléon que lorsqu’il est sur un autre caméléon !

La mondialisation n’est en fait qu’un leurre. Simulacre ! Les technologies et la production matérielle permettent uniformément à chacun_e de retrouver son nombril pour ne pas se perdre, tout en restant dans l’illusion qu’il / elle ce fait de lui-/elle-.même.

L’Eros arrache le sujet à lui-même pour l’envoyer vers l’autre. La dépression, en revanche, le précipite en lui-même. Le sujet narcissique performant d’aujourd’hui vise le succès avant toute chose. Ses réussites entraînent sa reconnaissance par l’autre. Ce faisant, l’autre, privé de son altérité, est dégradé au rang de miroir du narcissique, et chargé de le confirmer dans son ego. Cette logique de la reconnaissance intrique plus profondément encore le sujet narcissique de la performance dans son ego. Ainsi se développe une dépression de la réussite : le sujet de performance dépressif coule et se noie en lui-même.Byung-Chul Han

reflet003redim http://www.fousdereflex.com/viewtopic.php?t=68357&f=18