Passet – La nostalgie (2).

Passet – La nostalgie (2).

Il n’est pas bon d’avoir trop d’avance. Ça n’a pas changé en trois jours !

Dans son livre L’Économique et le vivant (1979, Payot), René Passet concluait :

l’homme se trouve donc, semble-t-il, au seuil d’une ère nouvelle où, après avoir satisfait aux exigences de l’avoir, il lui serait possible de songer prioritairement aux impératifs de la personne. C’est une révolution sans précédent : alors que le développement des sociétés humaines s’était traduit jusqu’à ce jour en termes de productions matérielles de survie et de confort s’adressant à des besoins saturables, c’est un développement orienté vers des activités dont l’aspect matériel est secondaire et s’adressant aux besoins illimités de l’être qu’il convient désormais de concevoir.

Mais simultanément, la puissance même des moyens accumulés pour obtenir cette libération révèle leur ambivalence :
– au plan individuel, la croissance de l’avoir n’est plus, comme nous l’avons vu, création et destruction de l’être ;
– au plan social, au terme d’une évolution dont nous nous sommes efforcés de dégager le cheminement, le moyen appris figure de fin ; ce qui dissocie devient alors plus fort que ce qui rassemblait : là où l’adhésion à des valeurs communes permettait de surmonter les oppositions et de maîtriser l’usage des choses, la compétition pour la possession et le contrôle des moyens place les hommes dans une situation d’antagonisme radical ; les vieilles solidarités s’estompent et rien ne peut les remplacer qu’une sorte de loi de la jungle, à peine camouflée par le cynisme d’affirmations morales, dont chacun sent bien qu’elles servent plus à canaliser les aspirations des faibles qu’à réfréner les appétits des puissants ;
– au plan de la biosphère enfin, la régression des pénuries concernant les produits s’accompagne de l’épuisement des ressources dont ils proviennent et du blocage des mécanismes régulateurs dont la disparition menace dans sa reproduction le milieu qui constitue le support de toute vie.

Les vraies questions concernant l’Homme, obscurcies pendant des millénaires par les exigences de la lutte pour la survie, se posent donc enfin à lui : elle se réfère à son être, sa place par rapport à l’ordre des choses et ses relations avec la Nature. (1979 :239-40).

Dégraisser : terme employé pour diminuer le personnel. C’est l’entreprise qui a trop bouffé et c’est l’humain qui est la mauvaise graisse. On demandera alors à la Direction des Ressources Humaines d’être des statines pour l’organisation.Aimé Shaman