Bullshit Jobs

Livres

 « Les notifications nous procurent de la dopamine car le Smartphone crée de l’attente, c’est ce qui rend accro » (Pierre-Marc de Biasi) Soft power France Culture

À propos du livre de David Graeber (2018. Les liens qui libèrent), Bullshit jobs

Ce dernier s’intéresse exclusivement au travail est un phénomène aussi répandu que peu discuté : les « jobs à la con », soit « une forme d’emploi rémunéré qui est ici totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu’il n’en est rien ».

[…]. Ce type de jobs, qualitativement cheap car pauvres en contenu tout en étant bien payés, prolifèrent. Bizarre ? Là encore, le contrat est contre-intuitif : dans une économie de marché censée reposer sur la rationalité, soit la minimisation des coûts pour générer un maximum de profit, une proportion importante d’emplois semblent ne servir à rien, secteurs public et privé confondus. […].

À grand renfort de témoignages qui oscillent entre ironie et désespoir, Graeber propose une explication politique. Sa thèse est audacieuse : le capitalisme ne serait rien d’autre qu’un féodalisme. Les jobs à la con n’existent souvent que pour gonfler artificiellement l’importance d’un chef, d’une administration ou d’une branche entière.

Voilà à quoi tient leur utilité : asseoir le pouvoir d’une ou plusieurs personnes. Ce système de « féodalité managériale » conduit à un système hyper hiérarchisé et à des effectifs croissants à qui il est bien difficile de trouver une occupation réelle – à défaut, on leur confie souvent des « tâches à la con ». Car moralement, rien ne serait pire que l’oisiveté.

Extraits de Philosophie Magazine, no 122, Juin 201

© Plonk et Replonk in Le Temps. 2003.08.16

Les nuits de spleen, tous les chagrinés sont noirs

Aimé Shaman