Capitaliste… capitaliste… J’ai dit capitaliste ? Comme c’est bizarre !

Capitaliste… capitaliste… J’ai dit capitaliste ? Comme c’est bizarre !

Quand l’algorithme spéculateur tue le capitaliste spéculatif.

Dans la longue histoire visant à créer un domaine qui serait celui de la « science économique » (et qui remonte à Ricardo), Marx écrit à Engels, le 8 janvier 1868 (cité par Paul Jorion, 2015:173-174) :

« Il est bizarre que [Eugen Dühring] n’ait pas décelé les trois éléments foncièrement nouveaux dans mon livre [Le Capital]. Les voici : a) par opposition à toute l’économie antérieure qui traite d’emblée les fractions particulières de la plus-value, avec leurs formes fixes de rente, profit et intérêts, comme choses données, j’analyse en premier lieu la forme générale de la plus-value où tout cela se trouve encore à l’état indifférencié, pour ainsi dire en dissolution… » (Marx, 1968, p. CXXIX).
Exit donc la valeur : l’explication réside, écrit Ricardo dans les termes selon lesquels le surplus économique est réparti entre rentes, profits et salaires. (Jorion).
Le capitaliste, l’exploiteur qui réalisait des profits, se trouve aujourd’hui complètement minorisé par le financier qui détient le capital. Le capitaliste qui innove en montant sa start-up, s’il réussit, se fait racheter par les possesseurs d’algorithmes et les fonds de pension. Petits patrons capitalistes et prolétaires de tous les pays unissez-vous !

Je souscris à la présentation faite par l’éditeur du dernier livre de Pierre Dardot et Christian Laval, Ce cauchemar qui n’en finit pas. Comment le néolibéralisme défait la démocratie (La Découverte) : le néolibéralisme n’est pas n’est pas la continuation du système économique capitaliste ; il n’est pas qu’un simple dogme.
Soutenu par des oligarchies puissantes, il est un véritable système politico-institutionnel obéissant à une logique d’autorenforcement. Loin d’être une rupture, la crise est devenue un mode de gouvernement d’une redoutable efficacité. En montrant comment ce système s’est cristallisé et solidifié, les auteurs expliquent que le verrouillage néolibéral a réussi à entraver toute correction de trajectoire par la désactivation progressive de la démocratie. Ceci peut conduire à la sortie définitive de la démocratie au profit d’une gouvernance expertocratique soustraite à tout contrôle.

Concernant la santé de la démocratie, je mentionne que, dans le même temps La Découverte publie un livre de Yves Lenoir, La Comédie atomique. L’histoire occultée des dangers des radiations. L’auteur révèle que les normes de protection des travailleurs de l’énergie atomique ou des populations qui pourraient être exposées après un accident nucléaire ont été définies par une poignée d’experts, en dehors de tout contrôle démocratique. Il explique leurs méthodes pour construire une « vérité officielle » minimisant les conséquences de Tchernobyl. Et comment ces procédés ont été mis en œuvre, en accéléré, après Fukushima.

Mais nous n’avons rien à craindre : vraisemblablement, une gouvernance expertocratique a prit soin de nous placer sous la protection du « Principe de précaution ».

En promenant tous les matins le chien et regardant pisser l’animal pour marquer son territoire, il m’est venu une pensée : chez les animaux, l’étendue des pouvoirs sur un terrtoire est limitée par la contenance du réservoir ! Pas de pléonexie possible, l’animal ne peut compter que sur ses propres liquidités. Aimé Shaman