11 mai ! Fini de jouer au confinement… Que du lourd !
Le télétravail ne se distingue des camps de travail du passé que par l’idéologie de la santé et de la survie qui le soutient”
Byung-Chul Han
Et Byung-Chul Han de conclure son article, Le retour de l’ennemi, mis en ligne le 5 mai 2020, sur le site de Philosophie Magazine :
Selon l’essayiste Naomi Klein, le choc est un moment propice à l’installation d’un nouveau système de domination. Le choc pandémique menace d’imposer, à l’échelle du monde, une biopolitique digitale renforcée par un système de contrôle et de surveillance de nos corps, une société disciplinaire dans laquelle notre état de santé sera, en permanence, épié. Il n’est pas exclu que nous nous sentions libres au sein de ce régime biopolitique de surveillance. Toutes ces mesures ne serviront-elles pas à protéger notre santé ? La domination s’accomplit lorsqu’elle se confond avec la liberté. L’Occident sera-t-il contraint par le choc pandémique à renoncer à ses principes libéraux ? Sommes-nous menacés par un tel régime biopolitique de quarantaine qui restreindrait durablement nos libertés ? La Chine est-elle l’avenir de l’Europe ? On parle beaucoup, de liberté, ces temps-ci ! Libertés singulières et/ou au singulier. Va-t-il falloir relire Spinoza ? De toute façon, ça ne peut être que bénéfique… (Byung-Chul Han).
On parle beaucoup, de liberté, ces temps-ci ! Libertés singulières et/ou au singulier. Va-t-il falloir relire Spinoza ? De toute façon, ça ne peut être que bénéfique…

Les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les imaginent plutôt qu’ils ne les connaissent.
Spinoza
En Attendant… Dans son ouvrage La Servitude volontaire ou le Contr’un, Étienne de La Boétie (1574 [1576]) nous décrit le « malencontre », cet accident tragique qui a fait la soumission du plus grand nombre au pouvoir de quelques-uns, chacun substituant l’amour de la servitude au désir de liberté.
Aujourd’hui, pas grand-chose de changé depuis la fin du XVIe siècle, sinon que le développement de la technique, de la consommation et du marketing a métamorphosé la servitude en auto-servitude, travestissant cette dernière en pseudo-liberté (toujours en attente de la relecture de Spinoza). Dans l’oubli de ses devoirs dans le groupe et face à lui, chaque individu revendique ses droits et son bon droit. L’enfer, c’est les autres et le devoir, c’est pas moi !
ON nous a fait rentrer dans un vaste espace clos de hauts murs, un vaste espace rempli de tas d’objets tous plus merveilleux les uns que les autres. Nous sommes rentrés et, avec la clé que nous avions dans la main, nous avons refermé derrière nous de peur que « d’autres » soient tentés de venir profiter de ses richesses et que nous soyons contraints de partager. Nous avons jeté la clé par-dessus le mur et maintenant nous protestons : « ah, les salauds, ils m’ont enfermé ! ». La pandémie nous donnera-t-elle l’idée que nous pourrions essayer d’enfoncer la porte ? D’essayer de comprendre comment des stratégies de marketing s’y prennent pour nous convaincre, en flattant nos pulsions, de l’existence de notre libre-arbitre ?
Les hommes, donc, se trompent en ce qu’ils pensent être libres ; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
Spinoza
La pandémie comme révélateur de schizoïdie
Confédération helvétique. Débats aux chambres
Après avoir refusé l’autorisation de verser des dividendes aux actionnaires des entreprises qui ont mis leurs employés au chômage partiel pendant la pandémie, retournement de situation. Les chambres autorisent le versement de ces dividendes. On nous prévient que c’est suite à l’intervention d’un conseiller d’État Neuchâtelois, socialiste, que le revirement a eu lieu – schizoïdie quand tu nous tiens !
Les chambres ont également refusé d’accorder des diminutions de loyer aux indépendants. De brillantes faillites sont d’ores et déjà sur les rails.
Au nom des risques de suppressions de postes, on accorde le versement des dividendes. Au mépris des risques de pertes d’emplois, on refuse les réductions de loyer.
Et toujours la même antienne : l’économie, les postes de travail, la substance des caisses de retraite, etc. Ce recours à l’argument économique ressemble parfois aux messes des télé-évangélistes : ton à la fois inspiré et incantatoire, recours à une vérité révélée, qu’on ne peut donc discuter.
ON fait tout un cirque pour « protéger » les vieux des virus et ON remet une pièce dans le juke-box pour maintenir le niveau de leur retraite. Pourquoi garantir le niveau de revenus d’une catégorie d’inactifs, quand les actifs ne bénéficient pas d’une même garantie ?
En attendant la mise en place opérationnelle d’un cinquième âge – dans des réseaux de cliniques privées, car ce serait trop bête que les hôpitaux publics puissent amortir un peu les coûts –, on veut certainement préserver le rôle de « consommateur actif » du troisième âge – l’âge qui permet encore, selon le niveau de retraite, de faire quelques croisières, des cures, de « faire l’Amérique du Sud » ou plus simplement faire un voyage en autobus pour se voir proposer des « affaires en or », par des marchands du temple, en haut d’un col alpin – et de « consommateur passif » au quatrième âge – l’âge où l’on vous fait manger différents psychotropes, dans des couche-culotte, et où l’on vous branche éventuellement à différentes machines, au moyen de différents tuyaux. Illness as usual !
France : Non débat au sommet et 63 pages de documentation à destination des mairies…
La pandémie est un terrain favorable pour ne plus douter du diagnostic de schiroïdie. Les symptômes de la pathologie se manifestent au grand jour.
Déconfinement : le gouvernement interdit les plages au public, y compris pour les habitants qui résident à proximité de ces dernières, quand il autorise l’utilisation des transports publics. Les plages ? Mais bien sûr que c’est les loisirs !
Le RER ? Mais bien sûr que c’est un vecteur pour les prolétaires qui vont faire redémarrer l’industrie. Et dans l’aventure, des gouvernants qui ont oublié que dans la France désindustrialisée, la seule industrie qui tenait encore un petit peu la route, c’était l’industrie du tourisme !
Les riverains du littoral empêché de profiter de leurs plages vont pouvoir aller courir dans les bois, à l’intérieur des terres, dans un rayon (ou plutôt un demi-diamètre – sauf à habiter la presqu’île de Gien) de 100 kms autour (? Voir réserve précédente) de chez eux.
Avant de re-croiser certainement Spinoza…
Quelqu’un a dit – je ne me rappelle plus qui, et je ne crois pas qu’il s’agisse d’un proverbe chinois – « La seule vraie menace sur la liberté est l’abus de cette liberté ». Je constate une très forte tendance actuelle, toutes chapelles confondues, un droit à revendiquer au nom de « la liberté individuelle ». Et si c’était la un moyen pour s’assurer de maintenir la servitude collective ?
Je remets à « tout soudain » les citations des livres de Paul Jorion. A suivre…
Media et Fake news : Sous les pas vrais, la page !
Aimé Shaman