Expérience(s) et réflexion(s), voire délire…

Expérience(s) et réflexion(s), voire délire…

La gestion du changement, c’est une affaire de management. Comment faire lorsqu’il n’y a pas de management ? Dans les entreprises, le management est souvent absent, en réunion, pour discuter des manières de manager. Dans beaucoup d’institutions, le management est souvent lacunaire, pour ne pas dire absent.

Les impératifs de rendement font articuler en termes de « besoins » alors que la stratégie de vente consiste à faire naître des désirs dans un environnement où le marketing travaille les pulsions (qu’il fait passer pour du désir). D’où un paradoxe apparent : le marketing fait sauter le Ça freudien pour imposer des normes de l’ordre de la mimésis et faire naître ainsi des besoins.

Alors que l’instituteur créait des normes qu’il faudrait transgresser pour s’individuer, le marketing impose des normes auxquelles il faut adhérer pour se réaliser.

Dans la nature, dans le vivant, rien n’est plus naturel que le changement. Rien n’est plus contraire à la nature humaine que de changer. D’où l’importance d’instituer pour fournir une « base » à la transgression qui fonde de l’individu (cf. Glossaire Ars industrialis et B. Stiegler : Individuation psychique, collective, techniques / Rétentions primaire, secondaire, tertiaire / Transindividuation / Grammatisation / Pharmacologie de l’esprit /etc.).

Le numérique n’est pas (seulement) une technologie, un secteur: C’est une révolution. La spécificité du numérique est très bien décrite par Byung-Chul Han, (Dans la nuée. Réflexions sur le numérique. Actes Sud). Entre autres, le numérique désintermédie.

Dans les organisations, les ressources humaines devraient se situer « au-delà du changement ». En effet, ce service, pour qu’il soit humain, devrait penser ce qui n’existe pas encore pour former les personnes qui en auraient les compétences à travail de demain et non à un emploi qui se raréfie aujourd’hui.

Le numérique, sur son versant négatif de pharmakon, supprime la liberté en permettant le contrôle de masse.
Dans La phénoménologie de l’esprit, Hegel parle de la transparence de « l’esprit objectif ». Une telle rationalité « conduit à une rationalisation irrationnelle, c’est-à-dire à une des raisons universelles se manifestant tout autant comme bêtise que comme folie » (Bernard Stiegler. État de choc).

Si le travail est l’extériorisation par excellence, c’est-à-dire comme individuation, alors le passage à l’emploi traduit la prolétarisation. Aujourd’hui la force de travail, c’est être consommateur.

Et ça c’est le macro système englobant les systèmes dans lesquelles l’organisation devra « gérer le changement », « conduire le changement ».

Des lyres et des livres… pour que délirer délivre !Aimé Shaman