Un changement, pour changer!

Un changement, pour changer!

Ils jouent un jeu. Ils jouent à ne pas jouer un jeu. Si je leur montre que je les vois jouer, je transgresserai la règle et ils me puniront. Je dois jouer le jeu de ne pas voir que je joue le jeu.Ronald D. Laing. 1969. Nœuds

L’obsolescence programmée qui est un principe majeur de la société de consommation oblige en permanence les consommateurs à des changements. Le marketing « impose » le changement.

Dans leur vie privée, les consommateurs montrent leur aptitude au changement puisqu’ils n’ont pas besoin de consultants pour « gérer le changement » en choisissant leurs vêtements, leurs Smartphones, leurs voitures, un nouveau lieu de vacances, etc.

Dans les organisations, nous sommes passés d’une logique de contrôle à une logique de l’engagement. Les nouvelles technologies permettent de supprimer la pointeuse qui contrôlait leur arrivée au travail et permettent aux managers d’atteindre leurs collaborateurs en vacances. Face à cet état, les collaborateurs déploient des logiques de résistance qui vont de l’utilisation privée de l’Internet sur le travail au burnout. Dans un tel contexte, le changement organisationnel va menacer l’écosystème que les collaborateurs s’étaient aménagés.

Dans la société hyper-industrielle et de son processus de prolétarisation généralisée, la question n’est plus celle de la réalisation comme Sujet – individuation. Le consommateur prolétarisé doit être porteur d’un projet « sans manque » pour vivre : Ego ! Tout changement imposé de l’extérieur, perçu comme pouvant déranger ce projet, devient alors un danger. Il s’agit alors pour l’extérieur qui veut l’imposer de le « gérer », de le « conduire ». Après l’avoir imposé, le marketing guide le changement. Rafting au milieu des résistances d’incultes qui ne veulent pas changer!!!

Dans un monde facebooké, sujet aux épidémies de quantophrénie, l’argument de célébrité remplace celui d’autorité; La prolétarisation fait croire à l’individuation: Photoshop me dispense de la formation de photographe, Autocad de celle d’architecte, les logiciels de musique de faire le conservatoire, les logiciels de traitement de texte et de synthèse vocale d’un travail d’écriture (la facilité de Copier / Coller n’arrange pas les choses), etc.

Les impératifs de ranking obligent à publier, d’où une multiplication des objets d’étude(s). Le ranking des revues où publier m’obligera éventuellement à la complaisance lors de la relation de mes études, lors de mes relations avec mes « collègues » pour qu’ils me citent ce qui pourra biaiser le référentiel de mes recherches, etc.

Bref, la contre-productivité à tous les étages ! L’autorité professionnelle a laissé la place à l’expertise, le plus souvent auto-certifiée sur la base de ranking : tautologies !

Pourquoi les universités nomment-elles des professeurs ordinaires et pourquoi les étudiants s’en contentent-ils? Est-ce uniquement pour des questions d’âge que les professeurs extraordinaires sortent de l’ordinaire?.Aimé Shaman