Écho+ vide : 19 +19 n+1 ? C’est vague!
Cynique, nm. : Philanthropes éprouvants une saine aversion à l’endroit de la philanthropie. Misanthrope affligé d’humanisme.
Stéphane Legrand. Le dictionnaire du pire.
Diogène de Sinope, c’est bien connu, aimait à se promener dans les rues d’Athènes, une lanterne à la main. Et lorsqu’on lui en demandait la raison, il répondait fermement, d’un ton sévère : « Je cherche un homme ! » Laissant son interlocuteur à son interlocation, Diogène le Cynique repartait alors en le regardant curieusement. Un jour cependant, son interlocuteur s’avisa de lui demander : « Et pourquoi donc, Diogène de Sinope, dit le Cynique, cherches-tu cet homme ? » Et enfin, Diogène pu pousser un soupir de soulagement et lui répondre : « Et ben, pour lui rendre sa lanterne… » [Charles Mesquint, Vox clamans ex utéro (une autre histoire de l’Antiquité). Cité par Stéphane Legrand. Le dictionnaire du pire.]
Lecture du livre de Jean-Dominique Michel, Covid : Anatomie d’un Crise sanitaire (17.06.2020) qui met en évidence, dès l’introduction, la surestimation faite de la dangerosité du virus.
Pourquoi cette surestimation systématique ? Et, sur le mode plus complotiste : à qui profite le crime ?
Je rappelle hypothèse que j’ai formulée au début de la crise (voir mon billet du 19 mars) :
La finance a besoin de l’alibi du virus pour lui mettre sur le dos la crise de l’économie réelle que ces méthodes entraînent fatalement.
Si nous allons entrer dans une dépression, ce ne sera pas à cause du high frequency trafic, à cause des algos, à cause de la confusion entre « monnaie » et « reconnaissance de dette », pratique de stock-options, niveaux des dividendes, rachat d’actions, etc.
J’observe que ceux qui ont « banalisé » le Covid ont été marginalisés, comme avait été ostracisés les économistes qui, dans les années 2005, alertaient sur la dangerosité de la titrisation.
On peut être tenté par des tentatives d’explications supplémentaires – et là je m’approche de miroir, je discerne de plus en plus la tête d’un candidat complotiste :
Le lock down imposé fait perdre, plus tôt qu’elle n’aurait dû, à l’économie réelle, mais donne un alibi à la finance qui pourra repartir, comme elle l’a fait en 2008, sans véritable réforme structurelle, en continuant de faire croire que le capitalisme est naturel, dans la nature de l’homme, et que, baptiser axiomes les « concepts » marginalistes, ne peut être que le fait d’individus « irrationnels ». Non-responsabilité de la finance dans les crises, depuis que règnent les marginalistes.

Au début de la crise, des solutions pour augmenter la résistance et l’immunité des populations sont passées sous le radar. Pourquoi ?
Peu d’impact sur le chiffre d’affaires des labos ? Même si la vente de compléments alimentaires, par exemple, peut être intéressante pour les grandes surfaces, la parapharmacie…
Hydroxychloroquine + azithromycine ne rapportant pas assez ? Face à un virus inconnu, des experts contre des experts, chacun affirmant tout son contraire, mais évitant soigneusement de mentionner d’éventuels conflits d’intérêts. Il semblerait que quatre membres du Conseil scientifique nommés par le président Macron ont (eu) des liens d’intérêts avec la firme Gilead qui développe l’antiviral Remdesivir – j’ai lu que le traitement à base d’hydroxychloroquine coûte 15 €, contre 1000 € au Remdesivir. Et on ne prend pas en compte l’influence de la recherche en cours – Remdesivir – sur les cours de la bourse au mois de mai et juin.
Inertie bureaucratique qui empêche l’accès à des solutions de protection (test, etc.) ? Il semblerait que des millions de masques ont été détruits, en début crise, parce qu’il avait été planifié qu’ils soient détruits – syndrome de la circulaire numéro n+1XW24.
Conflits de structures qui entraînent des visions du monde différentes ? La médecine universitaire, au mépris du serment d’Hippocrate qui engage tout médecin de mettre tous les moyens à sa disposition pour sauver les malades, empêche les médecins de terrain d’accéder à l’hydroxyde chloroquine, par exemple.
Lutte d’EGOS entre profs de médecine ? Peut-on leur en vouloir quand on sait que leur statut, leur job et leurs recherches, dépendent en grande partie d’une exposition médiatique pour obtenir des crédits des firmes pharmaceutiques – je ne parle même pas de prévarication et de corruption ? Ce que j’ai vu de l’ego du professeur Raoult et de quelques autres m’a donné envie de replonger dans des livres de psycho.

Paternalisme des autorités politiques qui, pour se penser matures, ont besoin d’infantiliser les citoyens, en estimant qu’ils ne supporteront pas la vérité, surtout quand cette vérité risque de mettre en évidence leurs lacunes et leurs choix budgétaires ? Un discours assuré sur l’inutilité des masques – quand les médecins hésitent toujours sur leur utilité ou non – destiné à masquer le manque de masque. Une langue de bois pour dissimuler la fermeture de lits d’hôpitaux, le manque de personnel dans ses hôpitaux, la localisation des usines qui fabriquent les tests, les masques, les produits d’anesthésie,… « à l’étranger », etc.… et qui recouvre tous des choix budgétaires prioritairement axés sur un retrait de l’État, du régalien.
Nous sommes donc en présence d’une « corruption systémique » et, dans cette situation, chacun essaye de rejeter les responsabilités sur le voisin et, médiatiquement, de gagner en visibilité. Or, dans le système complexe qui est le nôtre, la question n’est pas celle de la culpabilité. Nous sommes dans la situation qu’avait déjà décrite Gunter Anders, suite son entretien avec le pilote de l’avion qui avait lâché la bombe sur Hiroshima : nous avons affaire à des « coupables sans culpabilité » (Schuldlos Schuldigen).
Le Corona virus aura provoqué des drames, par la brutalité avec laquelle il s’est introduit dans notre quotidien. Les détresses respiratoires qu’ils provoquent continue cependant de « jouer petit bras » par rapport à celles, beaucoup plus insidieuses, que provoque la pollution atmosphérique et certains produits d’extraction de minerai, dans des pays que nous continuons à appeler « tiers-monde » – même pas foutus d’être « émergents » !
Restons en Allemagne, avec Hölderlin qui, dans Patmos, écrit : « Wo aber Gefahr ist / Wächst das Rettende » (où est le danger / croît ce qui sauve). Le virus aura eu des effets positifs : la mise en évidence de notre « fragilité » naturelle, de la fragilité de nos systèmes techniques, de la stabilité, dans le temps, de nos structures psychiques, de la décrépitude de nos démocraties, etc.
L’homme succombera tué par l’excès de ce qu’il appelle la civilisation.
Fabre, Jean Henri. Souvenirs entomologistes.
Il est en train de mettre en évidence notre irresponsabilité, dans nos comportements individuels. Nous tous, bons petits soldats à l’écoute du discours marketing, nous sommes incapables de résister à la frustration, pressés de nous retrouver (com)pressés dans des « fêtes de la musique », «… de la saucisse », «… de la… et du… ». Nous revendiquerons nos comportements, non pas par une incapacité individuelle de résister à la frustration, mais par la liberté à laquelle nous avons droit et par la responsabilité citoyenne de soutenir une reprise de l’économie.
Mais les effets les plus positifs du virus nous sont encore inconnus puisque qu’ils dépendent grandement de la capacité de mémoire que nous accorderons pour nous souvenir, non pas de ce qu’il rendait impossible, mais de ce qu’il nous laissait entrevoir comme possible…
Edward Lorenz questionnait, dans une conférence, en 1972 : « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». Un virus peut-il – entre autres – contribuer à changer le cours des élections américaines ?
Je retourne à ma lecture…
Quand les mythes disparaissent, tout devient mythique ; quand la science s’efface devant la technoscience et ses impératifs de résultats, valsent alors les fantômes des paradigmes, dans la forêt des concepts.
Aimé Shaman