Je blogue, donc je pollue ! (5)

Je blogue, donc je pollue ! (5)

(Suite)
(Source : Coline Tison. 2015. Internet : ce qui nous échappe. Temps, énergie, gestion de nos données. Gap. Éditions Yves Michel)

Internet, le changement de rapport au temps et le cerveau.

Une suite ininterrompue de 0 et 1 qui file à toute vitesse, celle de la lumière, dans une fibre optique… L’espace-temps c’est raccourci, le monde a changé de taille. Nous avons tout cru qu’avec des informations qui voyagent à la vitesse de la lumière, nous allions forcément gagner du temps. En réalité, on a quand même souvent l’impression d’en perdre ou d’en manquer (Tison : 43)

Le court terme prend le dessus sur le long terme. C’est d’ailleurs peut-être une manifestation symptomatique de l’intérêt pour la conservation, dans une société schizoïde : dans une société de vitesse qui n’accorde de l’importance au présent, comment donner l’illusion d’une cohabitation entre le temps court et le temps long ? « Comment assurer cette cohérence dans une société où rien ne dure, mais en même temps dans laquelle on veut tout garder ? » (Tison : 43).

Le temps de l’Internet et celui de l’instantanéité. Les nouvelles technologies modifie le rapport au temps. Conflit entre le temps court et le temps long : courant derrière ce que permettent les nouvelles technologies, le politique articule son discours non plus sur un projet mais sur des résultats de sondages. Dans ces conditions, tout parti qui veut se faire élire et contraint au populisme, c’est-à-dire à l’immédiateté de ce que dit le peuple dans les micros trottoirs.

Instantanéité, c’est le temps de la pulsion sur laquelle travail de marketing et qui lui permet de générer et gérer l’obsolescence.
Mettre en relation la notion d’instantané avec ce que dit Tristan Garcia dans La Vie intense de l’intensité.

Internet, organisation basée sur la vitesse, et le Web, sur des liens hypertextes, ont changé le comportement de notre cerveau. Selon Nicholas Carr (2011, Internet rend-il bête ? Paris, Robert Laffont), Internet nous rendrait peut-être plus bêtes. Selon lui, la structure de notre cerveau serait revenue à l’instar de préhistorique comme lorsque nous étions des « chasseurs-cueilleurs ».

A chaque fois qu’ils doivent traiter une information, les quelque 10 milliards de neurones présents dans le cerveau établissent des connexions entre eux et entre les différentes zones du cortex : c’est ce que l’on appelle le circuit de l’information. Avec le temps et l’habitude de traiter toujours le même type d’information, le cerveau muscle le circuit. Or l’utilisation du numérique change la façon dont l’information arrive au cerveau. Les circuits neuronaux habituels ne sont plus pertinents. L’information est obligée d’emprunter de nouveaux canaux, explorait de nouvelles zones dans le cerveau, de muscler de nouveaux trajets. Mais à force de ne plus utiliser les anciennes routes, celles-ci s’effacent petite à petit. Les neurones perdent l’habitude de ces connexions, en clair le cerveau se démuscle. (Tison : 44-45).

(à Suivre)

Le virtuel accomplit le monde dans sa réalité et sa prétention à la vérité tue l’incertitude du monde.Aimé Shaman