La flemme de méninges – 2

La flemme de méninges – 2

Ma thèse anthropologique fondamentale est qu’il n’existe dans l’histoire humaine aucun exemple de société à l’intérieur de laquelle l’autorité politique ne se soit primitivement associé le renfort d’un pouvoir auxiliaire d’élaboration, d’utilisation et d’entretien de la croyance destiné dans le principe à favoriser son propre maintien. (L’Analyse des complexes discursifs et la critique de l’idéologie. Entretien avec Patrick Tort. Réalisé par Clément Paradis)

Coup de bars.  Examen de la pressionPression de l’examen

Un physicien raconte :

Un jour, j’ai reçu un appel à l’aide d’un collègue à propos d’un étudiant. Il estimait devoir lui donner un zéro pour sa réponse à une question de physique, alors que l’étudiant réclamait la note maximale. Le professeur et l’étudiant décidèrent de s’en remettre au jugement d’un arbitre impartial, moi en l’occurrence.

Je lus la question de l’examen : « Montrez comment il est possible de déterminer la hauteur d’un immeuble à l’aide d’un baromètre ».

L’étudiant avait répondu : « On monte sur le toit de l’immeuble, on attache une corde au baromètre que l’on fait ensuite glisser jusqu’au sol. Puis on remonte le tout et l’on mesure la longueur de la corde : celle-ci correspond à la hauteur de l’immeuble »

Il est vrai que l’étudiant avait répondu juste et complètement à la question. D’un autre côté, pouvait-on lui attribuer la note qu’il réclamait ? Il aurait ainsi réussi un examen de physique sans avoir prouvé son savoir en la matière.

J’ai donc proposé d’accorder une autre chance à l’étudiant eu lui donnant six minutes pour répondre à la question, mais en utilisant ses connaissances en physique cette fois-ci.

Au bout de cinq minutes, l’étudiant n’avait toujours pas prononcé un mot. Je lui ai demandé s’il voulait abandonner, mais il me répondit qu’il y avait de nombreuses solutions possibles à ce problème et qu’il cherchait la meilleure d’entre elles. Je me suis excusé de l’avoir interrompu dans sa réflexion et lui ai demandé de continuer.

Dans la minute qui suivit, il se décida enfin : « On place le baromètre à la hauteur du toit. On le laisse tomber en calculant son temps de chute avec un chronomètre. Ensuite, en utilisant la formule x = l/2 gt2, on obtient la hauteur de l’immeuble »

À ce moment-là, j’ai demandé à mon collègue s’il voulait abandonner. Il me répondit par l’affirmative, attribua une note proche du maximum à l’étudiant et quitta la pièce.

J’ai alors interrogé l’étudiant sur les autres « solutions possibles » dont il avait parlé :

« Il y a en effet plusieurs façons de calculer la hauteur d’un immeuble » me dit-il. « S’il y a du soleil par exemple, on peut placer le baromètre à l’extérieur de l’immeuble. On mesure la hauteur du baromètre, la longueur de son ombre ainsi que la longueur de l’ombre de l’immeuble. On en déduit ensuite la hauteur de l’immeuble avec un simple calcul de proportions »

« Il y a aussi une méthode élémentaire que vous allez apprécier : on monte les étages de l’immeuble avec le baromètre, on le tient verticalement sur le mur de l’escalier et l’on trace au crayon sa longueur. En procédant ainsi jusqu’au toit, il restera à compter le nombre de traits pour obtenir la hauteur de l’immeuble en longueurs de baromètre. C’est une méthode très directe, vous en conviendrez »

« Et si vous souhaitez une méthode plus sophistiquée, vous pouvez pendre le baromètre à une corde, le faire balancer comme un pendule et déterminer la valeur du « g » au niveau de la rue et au niveau du toit. À partir de la différence, il est facile de calculer la hauteur de l’immeuble »

« De la même façon, il est possible d’attacher le baromètre à une corde et, depuis le toit, le faire descendre jusqu’à effleurer la rue. En le faisant balancer comme un pendule, on calcule la hauteur de l’immeuble à partir de la période de précession »

Finalement l’étudiant conclut : « Il y a encore d’autres manières de résoudre ce problème, la meilleure étant probablement d’aller au sous-sol, de frapper à la porte du concierge et de lui proposer de recevoir un superbe baromètre s’il sait vous indiquer la hauteur de cet immeuble »

J’ai demandé à l’étudiant s’il connaissait quand même la réponse au problème que son professeur attendait de lui. Il m’a dit oui, mais qu’il en avait assez du collège et des professeurs qui cherchaient à lui imposer une façon unique de penser.

Pour l’anecdote, l’étudiant s’appelait Niels Bohr (Prix Nobel de physique en 1922) et l’arbitre s’appelait Ernest Rutherford (Prix Nobel de chimie en 1908)

(Texte reçu en avril 2000, sans indication de son origine)

La lumière a été faite !

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Au fond de la gorge, les glandes passent un sale hiver !

Aymé Shaman, disciple d’Hippocrate.