L’Ego et le double Je

Le monde est clos et le désir infini. Pierre Legendre

L’homme est un manque et il ne l’accepte pas !

L’humain « néotène » est à jamais contraint de médiatiser grâce à ( ?) l’imprécision, l’imperfection du langage. Pour se donner l’illusion qu’il domine la situation, il nomme la médiation « communication ». L’énergie était au service de la production, au service du travail, pour soulager la force physique de l’humain. Elle est désormais au service des loisirs, (aux sévices) de cet humain, pour penser à sa place. Consommation croissante d’énergie pour une communication vers des consommateurs invités à la consommation (y compris celle des économies d’énergie_s).

Notre système économico-politique actuel refuse la limitation qu’impose l’aveu du manque. Il laisse croire qu’avec la croissance, on pourra dépasser ce manque ontologique. Si l’on admet les thèses de Freud (Malaise dans la civilisation), la culture est édifiée sur du renoncement pulsionnel, car la vie sociale suppose une (auto)restriction de la liberté individuelle. Le Père, puis le Surmoi, se chargent de freiner les exigences du Ça (principe de plaisir). Arbitrages entre le Ça et le Moi, entre égoïsme et altruiste.

Le développement de la technologie est le développement d’une idéologie qui tend à faire croire au dépassement de ce manque (voir la convergence des NBIC* et la théorie de la Singularité technologique **). Croyances dans les big data et dans la quantification pour vaincre le manque.
Heureusement, Ray Kurzweil ne nous dit pas si l’arrivée de la Singularité se produira avant le tremblement de terre en Californie, l’invasion des centres de calcul par les réfugiés climatiques, l’épuisement des matières premières, etc., bref, toutes ses contingences bassement naturelles (suit une foule de questions bêtes que mon intelligence pré-posthumaniste ne peut s’empêcher d’imposer à mon esprit). L’homme serait-il vraiment « un empire dans un empire » ?

Match Descartes / Spinoza, 1 : 0.

Et beaucoup des discours d’autoproclamés « postmodernes » ne sont que des manifestations pour le moins schizoïdes… Double Je naviguant au milieu des doubles contraintes. Dans cet environnement, les psychopathologies deviennent des sociopathologies, adaptation pour la survie. Ceux qui ne seront pas capables de conduites égoïstes, nombrilistes, perverses, etc. se verront condamnés à la dépression et au burn out.

* Nanotechnologies, Biotechnologiques, Informatique et sciences Cognitives
** Théorie selon laquelle, à un moment de leur évolution technologique, les sociétés humaines pourraient connaître une croissance technologique d’un ordre supérieur. Passé ce moment, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles, ou « supra intelligence », elles-mêmes en constante progression. La singularité induirait des changements que l’individu humain d’avant la singularité ne pourrait ni les appréhender ni les prédire de manière fiable. Le risque en serait la perte de pouvoir humain, politique, sur son destin (d’après Wikipedia)

Poursuivant la quête d’oubli de sa nature, l’Homme enferme sa nature dans les comptages et des tableurs. Plus il compte, moins il conte… Décompte…
Aimé Shaman

Marcusendo3