Pourquoi perdre son temps à écrire quand les sons s’imposent?

Philippe Muray. Ultima Necat – 1. 2015. Paris. Les Belles Lettres.

16 juin. S’il y a de plus en plus de sauvagerie, c’est qu’il y a de moins en moins de choses à dire dans les formes ou le dire soulagerait. Il n’y a qu’une façon de se retirer du monde : de plus en plus loin de lui, en lui abandonnant de plus en plus de chose écrite. L’écriture et la preuve soustraite active de l’existence d’une langue dans laquelle on se retire.

21 juillet. […] conférence pour Cerisy – Avant-garde : l’engagement dans la langue au XXe siècle à définir comme un langagement. Le langagement contre l’église (Céline)… Dans être, il y a bien sûr étron (Artaud), c’est ce que la modernité entendit. Vous lui dites « être », elle vous renvoie « étron ». Étrange qu’elle n’y ait jamais entendue « étranger ».

Préface de Jean-Pierre Dupuy au livre de Michael J. Sandel, Ce que l’argent ne saurait acheter (2014. Paris. Seuil).

On trouve du plus normal que des parents (ou, aujourd’hui, des communes et des conseils généraux) gratifient leurs enfants monétairement s’ils ont des succès à l’école. Aux États-Unis, ce sont les écoles elles-mêmes qui en sont à payer les écoliers s’ils ont de bonnes notes ou tout simplement s’ils ont effectivement lu les livres du programme. Quelle est la différence ? Peut-être est-ce que la lecture et par là-même présentée aux élèves comme une corvée qui mérite rémunération et non comme une source d’épanouissement. (p. 9)

L’utilité du « gratuit ».

Les sons qui s’imposent et l’écriture qui en dispose participent de langagement qui permet de découvrir l’étranger en nous et l’étrange des autres, à condition que subsistent « les formes où le dire soulagerait ». Chemin d’individuation quand l’individualisme exige la sauvagerie !

Je suis parce que je n’aime pas suivre. Vous m’suivez? Aimé Shaman