PAC, ce rateau cette année…

PAC, ce rateau cette année…

Superbe exemple de schizoïdie fonctionnelle : La réserve mondiale de graine du Svalbard. « À la fois présentée comme une forteresse pouvant résister aux cataclysmes naturels et humains et une arche de Noé, cette banque de graines, propriété du gouvernement norvégien, est cofinancée par la Fondation Rockfeller, la Fondation Syngenta et divers organismes privés. » (Wikipédia). Sauvons les graines que nos modèles de développement empêchent de pousser. Investissement de Syngenta dans une future prise de brevets…

Le 12 janvier (Tu dis Démos, encore Démos… Tours les mêmes ?), je ne faisais référence ni à Dalida ni à Delon. Je posais la question de la représentativité de la FNSEA et de la sensibilité paysanne d’Arnaud Rousseau – qui récupère un mouvement où la FNSEA n’était pas. Mais l’essentiel est de ne pas se faire massacrer, comme Monsieur Bayle, qui risque.

Augmentation de la taille des exploitations : une nécessité.

1. Accaparement des terres par des investisseurs privés, éventuellement sans liens avec le monde agricole, et des sociétés financières – pouvant être l’émanation d’acteurs du monde agricole.

2. Diminution, voire suppression d’emplois qualifiés dans le monde agricole, ou prolétarisation – besoin de main-d’œuvre bon marché.

3. Ralentissement, voire mise en cause, des pratiques trop écologiques.

(Liste non exhaustive). D’ici à 2030, 100 000 agriculteurs partiront à la retraite, libérant plus d’un cinquième de la surface agricole.

Agrindusculture

Comme l’écrivait, en 2023, Terre de liens, comme le numérique ses GAFAM, l’agro-industrie a ses Basta (Bigard, Avril, Savéol, Tereos, Agrial).

Groupe Avril : les marques Lesieur, Puget, Isio 4, pour les animaux. Sanders, pour l’alimentation animale. Diester, fabricant de biodiesel, avec sa filiale Saipol. Et une société d’investissement, Sofiprotéol.

Si l’on se prend à faire remarquer à Monsieur Arnaud Rousseau le risque de conflit d’intérêts entre son poste de président du groupe Avril avec sa fonction de représentant syndical, il fera probablement remarqué qu’il a la tête assez grosse pour ne pas mélanger les casquettes. Il se revendiquera peut-être même écologiste, avec sa production de biodiesel, d’énergie photovoltaïque sur son exploitation de 700 ha – je n’ai pas le temps d’aller voir combien de subventions européennes sont versées pour ce type d’efforts écologiques.

De la mondialisation des échanges et de la financiarisation de l’agriculture, il ne paraît pas aberrant de dire que l’avenir de cette dernière est dans les mains de sociétés multinationales.

La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

La FNSEA est le syndicat agricole majoritaire, interlocuteur privilégié du gouvernement français. À côté de la FNSEA, la Confédération paysanne et la Coordination rurale, moins bien traitées par les autorités politiques. La Confédération paysanne se range plutôt du côté « écolo » et la Coordination rurale a un discours qui encourage les tentatives de séduction du Rassemblement national (RN). Depuis longtemps, la FNSEA profite largement de la PAC et entretient une confusion sémantique entre paysannerie, agriculture, agro-industrie. Cette confusion sémantique s’appuie sur une réalité économique et des structures d’entreprises permettant de, si j’ose dire, manger à tous les râteliers. Après tout, Monsieur Arnaud Rousseau, à la tête de Avril et de la FNSEA, n’est que le successeur de Monsieur Xavier Belin.

L’ennemi, c’est qui ?

De ce qui précède, et si on entend la demande de reconnaissance de nombreux agriculteurs, on se demande, en ce qui concerne leur avenir, si ils ne se trompent pas d’ennemis. Leurs revendications semblent en effet plus proches des discours écologistes que des buts poursuivis par la FNSEA. Celle-ci défend la logique de reproduction d’un système productiviste, et qui voudra profiter des départs prochains à la retraite de ces agriculteurs vieillissants pour augmenter la taille des entreprises agricoles et la profitabilité de l’agro-industrie – Sofiproteol, ancien nom de Avril, semble être devenu le nom de sa société d’investissement. Je suppose donc que le Président Rousseau doit avoir un œil sur les activités de la SAFER. Certaines organisations paysannes s’organisent. Voir, par exemple, le site Pour une autre PAC.

Le Poison Avril ne fait peut-être pas le printemps…

L’article de Wikipedia donne beaucoup de renseignements sur ce groupe pratiquant la chimie. Pour ma part, je retiendrai juste les efforts en direction de la bio-diversité : concevoir des « « vaches à hublot » pour observer leur digestion, voilà un pas incontestable pour améliorer le bien-être animal – sans parler de l’influence pour la diminution de production de méthane, par ingestion d’une nourriture appropriée qui sera fabriquée par Sanders qui touchera des subventions de la PAC, pour cette action en faveur de l’environnement – en attendant le rachat de sa ferme, par le paysan qui se sera endetté dans l’achat d’intrants, chez Sanders.

© Archives nationales du monde du travail.

… et la légende :

L’agriculteur, contrairement à l’ouvrier, ne peut se mettre en grève. Il doit trouver d’autres moyens pour faire entendre ses revendications, voire son mal-être professionnel. Des révoltes vigneronnes de 1907 au fastfood démonté à Millau (Aveyron) en 1999, le XXe siècle français est celui des soulèvements agricoles.

Les bobos, virus de plus en plus fréquents dans les zones (néo)rurales, peuvent-ils provoquer une mutation des agriculteurs en paysans.

Aymé Shaman, rousseauphile, adepte d’un contrat social