Tu dis démos, encore démos… Toujours les mêmes ?

Tu dis démos, encore démos… Toujours les mêmes ?

Sur un mur, en Palestine, un tag – représentant Zuckerberg -, avec ce graffiti : The more of your data I gather, the more I understand what it mean to be human (Plus je recueille de données, plus je comprends ce qu’est l’être humain) © Snowscat

À la suite d’un colloque qui s’était déroulé à la Haute École Pédagogique de Lausanne, en 2015 (HEP), et qui posait la question de la possibilité d’être acteur dans une démocratie technique, j’ai commis un article (refusé), qui s’est par la suite étoffé, pour une publication auto-éditée : De la démocratie en numérique.

Je défendais le point de vue d’une incompatibilité entre les technologies numériques et la santé de la démocratie (ce qui explique, pour une large part, de mon point de vue, le refus de l’article dans la publication qui faisait suite au colloque).

Pour nuancer (un peu) l’influence des technologies numériques, souvenons-nous de ce qu’écrivait Alexis de Tocqueville, mais en nous rappelant que le pouvoir est passé de « hiérarchique » à « rhizomatique », l’esclavage de « répressif » à « permissif ».

Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.

Alexis de Tocqueville

Ici, je n’envisage pas le rôle des réseaux, du numérique, de l’intelligence artificielle, la gastronomie Woke dans la fabrication des opinions. Sur ce point, j’ai tendance à penser que toute opinions circulant sur les réseaux, et se satisfaisant de sa propre propagation, est toujours « fausse », car n’ayant pas été soumise un exercice critique.

Je constate simplement que, à la lecture de son livre poursuivant un autre but, Gilles Bobinet fait remarquer que « l’économie numérique « s’est structurée en une trentaine d’années dans un système de répartition de classe qui reproduit avec une précision effrayante l’organisation sociale de l’Ancien Régime. »

En attendant les effets de la nouvelle panacée techno-solutionniste que semble être l’intelligence artificielle (IA), le politique se cantonne dans le performatif. Hosanna ! Il semble cependant que le mouvement des paysans, qui se généralise en Europe, semble accélérer la prise de conscience pour tous, de l’inefficacité des méthodes technocratiques.

Ce n’est pas en multipliant les normes de contrôle, pour pallier la diminution du nombre des contrôleurs, dans une économie néolibérale qui a créé une agriculture financiarisée, que l’on pourra régler les problèmes.

Il est temps que l’on aborde les problèmes posés par l’industrie agroalimentaire, la grande distribution, l’appropriation des terres par ceux qui ont des capitaux, quand les paysans en manquent, etc.

Peut-être que, lors de cette étape, la majorité des paysans mettra en cause la représentativité de ses syndicats – en France, la FNSEA –, pour la défense de ses intérêts. Monsieur Arnaud Rousseau, est-il agriculteur ou industriel ? Combien, à la tête de son exploitation de 700 ha, perçoit-il de subventions de la PAC ? Combien la holding Avril perçoit elle d’euros de cette même PAC ?

Quand un politicien me parle de liberté, j’ai tendance à penser qu’il veut me la prendre.

Jean Dutourd

Comment les hippies, Dieu et la science ont inventé internet (2023. Odile Jacob)

(Babinet, Gilles. 2023:150-153).

Merci à Snowscat ©

Démocratie : rêve d’une société d’individus égaux, dans la libre critique. Réseaucratie : fantasme de dividus, egos prisonniers auto-constitués, sur des plates formes.

Aymé Shaman, idéalisant la démocratie