Post-factuel (2)

Le post-factuel somme toujours ta foi.

Goebbels aurait aimé Internet, lui qui déclarait que « plus le mensonge est gros, mieux il passe ». Il aurait certainement encore plus apprécié la post-vérité qui dispense de mentir.

Trump déclare avoir été, déjà en 2003, contre la guerre en Irak. Vérification des journalistes : c’est seulement à partir de 2004 qu’il y a été opposé. Fuck checking !

Georges W. Bush avait prétendu que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive. La vérification trouve le mensonge. Fuck checking !

Nigel Farage avait déclaré que les 500 millions de livres que payait la Grande-Bretagne chaque semaine à l’union européenne, en cas de Brexit, serait consacrés au système de santé. Dès le lendemain du vote annonçant la sortie, Farage déclare (avec le sourire) que c’était un mensonge. Fuck the truth !

Et Nigel est un visiteur assidu de la Trump Tower.

Le Facts checking (la vérification des faits) ne compte plus devant l’appétit de fake news que permet de diffuser Internet et que demande un public qui semble adhérer toujours plus aux théories complotistes.

Les alternative facts (faits alternatifs) est un concept qui a fait son apparition le 22 janvier, sur NBC. La conseillère à la Maison Blanche de Donald Trump, Kellyanne Conway, tentait de justifier le fait que le porte-parole du 45e président des Etats-Unis, Sean Spicer, ait affirmé la veille que « sa cérémonie d’investiture fut la plus grande en termes d’audience », alors que les photos de l’événement montrent le contraire.

La veille, Donald Trump avait également affirmé que la pluie avait cessé dès qu’il avait commencé son discours d’inauguration et que le soleil avait suivi – affirmation contraire aux faits, comme l’a rappelé entre autres The Independant. « Je pense que parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits », a affirmé Sean Spicer lors d’une conférence de presse le 23 janvier.

Donald Trump s’est de son côté dit « actuellement en guerre contre les médias, [qui] font partie des êtres humains les plus malhonnêtes de la planète », dans un discours à la CIA. (cité par William Audureau, Le Monde, 25.01.2017).

Le « fait alternatif », terme orwellien s’il en est, a été très critiqué par la presse américaine, qui y voit à la fois une stratégie pour affaiblir les médias comme contre-pouvoir, et une inquiétante menace pour la démocratie.

« Tout ce que pouvons faire est de monter à la barre et le dire de manière simple et sans équivoque : un mensonge, c’est un mensonge ! », a souligné sur Facebook le journaliste vétéran Dan Rather. Le problème est que tout se situe dans un espace idéologique du complot où les notions mêmes de vérité et le mensonge perdent leur sens et réclament la création d’un « concept » de « fait alternatif ».

Sous le coup du parjure, à cause de sa relation avec Monica Lewinsky, il me semble que Bill Clinton aurait dû introduire (!) les alternative facts, notion qui n’aurait pas manqué de plaire aux évangélistes qui ont voté pour Donald.

En France, il semblerait que des « officines » balancent « des boules puantes », aux dires de Monsieur François Fillon. Méprisant le travail de Facts checking des journalistes, il semble vouloir entraîner son auditoire dans un environnement de post truth. Loin de la common decency (décence ordinaire) d’un « Nous », laissez-vous entraîner dans les Like pour un « Je ».

Il paraît que Goebbels avait le livre de Edward Bernays, le neveu de Sigmund Freud, Propaganda sur sa table de chevet. Je suis à peu près certain que Trump a une table de chevet, mais je ne suis pas sûr qu’il y ai des livres.

Je t’en prie, Richard Virenque, reviens, même à l’insu de ton plein gré !

Dans un monde où règne la communication, mieux vaut ne pas être informé.Aimé Shaman