Sommes-nous prêts pour une fin du monde ?

Sommes-nous prêts pour une fin du monde ?

Principe de précaution

Il va devenir de plus en plus risqué d’adresser ses meilleurs vœux en début d’année.

Pour ne pas gâcher les sempiternels  rituels optimistes de fin d’année, il serait souhaitable que les derniers humains meurent en automne. Comment éviter, en effet, que la blague « Joyeux Noël, pas celui-ci, l’autre ! » ne tombe à plat, quand il sera acquis et certain, qu’il n’y en aura pas d’autres ?

Pierre-Henri Castel, dans un essai paru aux Éditions du Cerf (2018), Le Mal qui vient, développe quelques paradoxes que ne manque pas de poser cette hypothèse d’un temps où la fin de l’humanité est devenue tout à fait certaine, dans un horizon historique très bref.

Extrait

C’est un cliché que de se lamenter sur notre insensibilité au désastre qui se profile. Jaspers, Anders ou Jonas s’en scandalisaient : comment ne pas se sentir éthiquement contraint à militer pour la paix en ces temps de potentiel holocauste nucléaire ? Comment secouer les âmes ? Comment transformer l’angoisse paralysante en impulsion collective au salut ?

Or, à mon avis, ces temps aussi sont révolus. Vu le genre de fin qui s’annonce, ne pourrait-on pas au contraire, envisager qu’il est tout simplement impossible de convaincre un nombre croissant d’entre nous qu’il n’est pas déjà trop tard ? Autrement dit, peut-être sommes-nous moins insensibles que résignés, voire, idée à laquelle je vais donner un développement provocateur, cyniquement conscients qu’il est déjà trop tard.

Quelles conséquences morales et politiques faudrait il en tirer ? Et si nous n’étions pas imprudents ou irrationnels, face à l’imminence de la fin des temps, mais étrangement lucides, exposés toutefois à une tentation inédite : celle de retirer du désastre même qui s’annonce toutes les jouissances possibles, tant du moins que nous en avons les moyens ?

Que signifie d’ailleurs être mauvais, voire malfaisants et même pervers, quand la fin qui nous attend est une fin sèche, son jugement dernier ni châtiment ni salut pour personne, bref, une « apocalypse son royaume », comme la nommait Anders ?

À ce Mal qui vient, un Mal qui, on le pressent, ne peut que changer de dimension puis de nature à mesure que la fin approche, y a-t-il un quelconque Bien à opposer ?

(Castel, Le Mal qui vient. 2018:25-21).

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Importance du facteur Cheval dès la plus haute antiquité. Voir l’étalon d’Achille.

Aimé Shaman