Spicilège 4

Quand les mythes disparaissent, tout devient mythique. Quand la science s’efface devant la technoscience valsent les changements de paradigme. Quand la morale agonise et la décence ordinaire s’absente, l’éthique en kit est promue par le marketing. Quand la compassion se fait rare fleurissent les boutiques de la philanthropie… Quand le narcissisme est promu au rang de valeur universelle, les pervers se réfugient dans les étages supérieurs du management et de la politique.

Pourquoi des travailleurs renonceraient-ils à des avantages acquis quand des CEO d’entreprises dépensent leur énergie à ne pas perdre des rentes de situation ?

La globalisation, c’est de pouvoir prononcer Horaïtsone le produit de Kableucomme. A l’horaïtsone se profile la fin de l’histoire.

La démocratie se bat pour faire croire à la permanence de son existence. Pour expliquer son agonie, elle nomme les menaces et se cherche un pharmakos : le travailleur étranger, le migrant, le Rom ! Si demos se meurt, se serait à cause d’un ethos trop vivant (et dont nous avons besoin pour continuer de dire que nous mourrons). Ah, le poids des coûts du travail dans les coûts de production !

Signe de pathologie grave, quasiment tout se suffixe en –thérapie. Je viens de lire que l’hortothérapie* se développait. Et dire que mon grand-père, quand il allait labourer, ne savait pas qu’il partait en cure !

En 1900, on expliquait et on racontait partout comment Untel s’était ruiné.
En 1975, on taisait comment Untel avait fait fortune. Passage d’un capitalisme concurrentiel à celui des monopoles, fin d’un reliquat de Potlach dans la société occidentale. Désormais, la destruction serait gaspillage, production.
En 2015, on se vante d’avoir les moyens de brûler les ressources de la terre et ne rien devoir à personne : phase anale où l’on consume en retenant. Qu’en penserait le Dr Freud ?

* Hortus, latin: Le Jardin

Deux taureaux qui discutent de corrida ne seront pas d’accord sur la couleur de la muleta.Aimé Shaman