Une démocratie « écologisée »

Une démocratie « écologisée »

Les pauvres “aident” les riches

Quelles voies emprunter pour aller vers une démocratie « écologisée », pour reprendre l’expression de Dominique Bourg.

Comme je l’avais déjà évoqué dans mon pamphlet (Delaleu : 2014), Condorcet avait déjà beaucoup réfléchi sur l’inanité d’un scrutin uninominal à deux tours. Récemment, Jacques Rancière a évoqué la possibilité d’un pourcentage de tirage au sort, comme cela était déjà pratiqué dans la démocratie athénienne.

En lisant le livre de Julia Cagé, Le Prix de la démocratie, on s’aperçoit qu’en France, par exemple, on peut faire des dons à partie jusqu’à concurrence de 7500 € maximum par partie (en cas d’élection ce maximum est de 4600 €).

Première conséquence : une multiplication des micro-partis permettant une multiplication des dons.

Deuxième conséquence : le fait de donner à parti autorise une déduction fiscale qui se monte à deux tiers du don. Donc, pour 7500 € de donnés, 5000 € de remboursés.

Moralité : les impôts des classes moyennes et pauvres payent les abattements d’impôts offerts à Messieurs Bolloré, Pinault et consorts !

Enfin un exemple concret de la théorie « du ruissellement », théorie à laquelle, je l’avoue, je n’adhère pas.

C’est beau le développement quand on tombe dans le panneau! © X
Endo-somatique  vs  Exo-somatique

Les qualités intrinsèques (endo-somatiques) et les compétences propres ne sont plus mobilisées dans le rapport à

  • La souffrance
  • La douleur
  • La peur
  • L’angoisse
  • Etc…

On fait appel à de l’exo-somatique :

  • Mister Prozac and Co
  • L’antenne psychologique
  • Un «coach»
  • etc.

Narcisse aura désormais besoin de son reflet, sur l’écran de son smartphone, et de la consultation de sa montre connectée pour savoir qui son avatar communiquera qu’il est ! Enfin un jeu de l’Ego sans plaque de base !!!

Progrès vs Innovation

Le progrès impose d’avoir un projet politique, lequel conditionnera des ressources économiques. Il est indissociable d’une « vision » du futur. Cette vision résulte d’un rêve qu’il s’agira de réaliser « rationnellement ».

Il est intéressant de constater qu’on ne parle plus aujourd’hui de « progrès », mais d’ « Innovation ». Ceci correspond à l’apparition du « concept » (?) de « Disruption ».

Avec l’innovation, le politique dépend de l’économique. Il s’agit de coller au présent, pour en réparer ses dysfonctionnements ou pour créer des « besoins » entretenant la croissance

Passage de l’endo- à l’exo-somatique. Dans l’innovation domotique, par exemple, « L’intelligence artificielle » se charge d’éteindre la lumière à ma place pendant que j’entretiens ma mégalo en parlant à mes colonnes Google. Le « temps » que j’aurai gagné me permettra de passé plus de temps sur Google, fournissant ainsi plus de données qui permettront, en retour, à Google, de me proposer des innovations. Le tout, bien sûr sur fond de discours sur les économies d’énergie(s), de COP 21, COP 24, COP n+1, de WEF, etc. Schizoïdie fonctionnelle !

Nous ne sommes plus dans la réalisation d’un rêve, mais dans la perpétuation d’un fantasme. Et les licornes, dans la Silicon Valley continuent de fumer la moquette. Martin Luther King, lui, avait fait un rêve…

L’innovation, c’est installer le Stop and Go sur les voitures. Le progrès serait de taxer le kérosène et le fuel lourd. L’innovation, c’est construire un système d’écluses pour le lido de Venise quand le progrès serait l’interdiction des bateaux de croisères, etc.

Dorénavant, nous ferons disparaître le réel plutôt que d’élaborer des projets de changement de la réalité. Nous utiliserons les caractéristiques des technologies pour oublier le passé ai lieu de nous en imprégner. Bref, nous accepterons l’avenir au lieu de l’imaginer car nous aurons confondu la fuite sur Mars avec un projet politique.

To pay attention, dans l’environnement néolibéral, ça fait baisser le rendement.

© Opera de Seattle

Disruptif, je me souhaite un présent sans histoire pour un futur sans avenir.

Aimé Shaman