En faire chez les autres…

En faire chez les autres…

Philippe Muray, Ultima necat I (p. 34-35)

L’écrivain occidental moderne, en général, consume ces belles années à conjurer une histoire d’Eglise qu’il dit avoir oubliée, mais à laquelle, pour ne plus l’affronter en détail, il adhère catastrophiquement en bloc. Quand les temples sont vides, c’est la société tout entière qui devient pour elle-même son propre temple. Quand la trombe tourbillonnante des saints des anciens paradis imaginaires oniriques que le spectacle de fresques craquelées, ces la masses des hommes qui, à sa place, vient profiler son abîme grouillant d’émeute sacrée. Passage du latent–sacré–ésotérique au manifeste–social–exotérique. Prières, prélats, génuflexions, conclaves, conciles, cathédrales, hosties, curés, apôtres, congrégations, encycliques, toute cette affaire n’a pas, elle non plus, échapper à la mondialisation ni à l’entropie, ni à la loi de la remontée collective du refoulé : plus c’est partout, et moins c’est vu.
[…]
pour que tout, aujourd’hui, soit si explosivement, mais sournoisement et politiquement, catholique, il a bien fallu qu’hier tout le catholique soit implacablement et savamment refoulé.