Masque Medias

Histoire de consanguins et de pertes

La pandémie marque l’entrée dans une époque nouvelle, traversée de risques liés au réchauffement climatique et amplifiés par un capitaliste financiarisé qui nous rend extrêmement vulnérables à la finitude du monde.

Gaël Giraud, L’Obs du 20 mars 2020

Règlement de pontes à OK Corona.

Nous voyons se développer une belle polémique franco-française autour des egos de profs, ce qui n’inspire pas forcément confiance sur les avis du comité scientifique qui entoure le Président de la République.

À propos de ce Conseil scientifique, et selon l’article de Anne-Sophie Mercier (Canard, 25 mars 2020), Didier Raoult, à peine nommé, a pris ses distances. Il aurait déclaré : « Jean-François Delfraissy, son président, se retrouve la care il est gentil et bien élevé. » Et un ponte de l’AP-HP de déclarer : « Macron dit que c’est la guerre, mais il a nommé le général Gamelin, très bien sur le papier mais inadapté au terrain. »

Le tout à l’Ego

Info du Canard Enchaîné (25 mars 2020). Le professeur Didier Raoult menacé de mort. Il reçoit un appel anonyme sur son portable : « Raoult, tu vas arrêter de dire des conneries d’ici demain 14 heures, sinon tu verras. » Le lendemain, un SMS cette fois : « Moins de quatre heures pour te rétracter sur la chloroquine. »

Le professeur a porté plainte contre X. Selon les infos du Canard, le portable à l’origine de la malveillance fait parti de ceux mis à disposition des médecins du CHU de Nantes.

À ce stade de l’enquête, et parmi les sujets d’intérêt, un infectiologue de l’hôpital qui, le 1er mars, avait insulté Didier Raoult à propos de ses déclarations sur la chloroquine.

On apprend que cet infectiologue est aussi l’auteur ou le coauteur de multiples études financées par des laboratoires.

L’économique, ou quand le « chèrement » d’hypocrites enfonce le serment d’Hippocrate.

Occasion de revenir sur l’article du blog de Jean-Dominique Michel, du mardi 24 mars 2020, intitulé : Hydroxychloroquine : comment la mauvaise science est devenue une religion.

Jean Dominique Michel nous rappelle que la recherche médicale est en crise systémique depuis plus de 15 ans et mentionne l’article de John Ioannidis qui fit l’effet d’un électrochoc, à l’époque – pour les références précises et la documentation, je renvoie au blog http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/24/hydroxychloroquine-comment-la-mauvaise-science-est-devenue-u-305255.html

Je me permets de citer plus longuement deux passages du blog :

Nos Chères Autorités (ça se passe comme ça chez Mac Macron ? !).

Un des aspects de la corruption systémique mise en avant par les éthiciens de Harvard tient aux multiples conflits d’intérêt, compromissions et liens d’influence entre les organes de régulation gouvernementaux et l’industrie pharmaceutique. Agnès Buzyn l’avait asséné avec une audace digne de la plus rude propagandiste en disant en substance que puisque nul ne connaissait mieux les médicaments et les vaccins que les pharmas, il était inquestionnable qu’ils soient fortement présents dans les instances de régulation étatique. La nomination de son mari, Yves Lévy, à la tête de l’INSERM fut fortement critiquée (même par le Lancet) en raison d’un conflit d’intérêts évident découlant de ses liens étroits avec l’industrie vaccinale. Ceci au moment où son ministre d’épouse imposait 11 vaccinations obligatoires, une mesure sans précédent et sans utilité médicale convaincante pour la plupart d’entre elles…

hydroxychloroquine dans tout ça ?

Entre ne rien faire avec des intrigants ou foncer avec les meilleurs experts, mon choix est clair.

Ce n’est pas celui du gouvernement français hélas. Invoquer la science -cet article je l’espère l’aura montré- relève de la malhonnêteté intellectuelle. Au moment où la biomédecine poursuivait, portée par les réservoirs d’intégrité de ses praticiens, son douloureux inventaire des tares systémiques qui l’affligent, c’est un bien sale coup porté tant à son intelligence qu’à ses valeurs fondamentales. (J-D Michel)

Dans mon « papier » du 19 mars 2020, Fête de la bière : desperados vs Corona, j’évoquais le rôle de l’économie ramenée à sa dimension financière, court-termiste. Tout ce qui précède ne me pousse pas à changer d’avis. Et si je devais privilégier la caricature pour me convaincre de la justesse de mon opinion, les discours de Donald Trump pourraient constituer un réservoir.

La vie humaine pèse peu quand il s’agit de mesurer les ratios financiers et les dividendes. Pour les financiers, les salaires ne sauraient être des investissements, mais des dépenses, une « variable d’ajustement » qui permet de rester concurrentiels.

Les cyniques laissent le peuple applaudir les personnels de santé et prépare déjà les éléments de langage pour, dans l’après-crise, refuser les augmentations.

On parle de guerre, quand il ne s’agit « que » de crise. C’est un moyen d’avancer masqué, quand on en manque, de masques ! les soignants et le publics n’ont pas besoin d’armes, ils ont besoin de ressources et de moyens.

Beaucoup de moyens qui permettraient de se procurer les ressources sont connus. Leur mise en œuvre n’est pas forcément simple, surtout quand des lobbies financiers influencent les politiques pour empêcher leur mise en œuvre.

Hölderlin, dans Patmos, écrivait. Wo aber Gefahr ist wächst das Rettende (où le danger se trouve croît ce qui sauve). J’en arrive à souhaiter un effet positif du coronavirus : qu’il oblige à traiter des phénomènes et qu’il fasse cesser les gloses sur des épiphénomènes.

Toujours le Canard Enchaîné !

À certaines personnes qui pourraient me reprocher de citer beaucoup ce journal, je répondrai qu’il s’agit pour moi d’une des rares sources fiables d’information. Si tel n’était pas le cas, cela ferait longtemps que ce journal aurait croulé sous les procès.

Ceci étant dit, la semaine dernière (18 mars 2020), dans sa rubrique Plouf !, On redescend sur terre, Jean-Luc Porquet avait le bon goût de citer Jacques Ellul, Bruno Latour et Patrick Tort. Il rappelait (je cite largement) :

Ellul l’a affirmé voilà un demi-siècle : grâce au « progrès technique », nous vivons désormais dans un système technicien qui s’auto-accroît selon sa propre logique. Il n’a pas de limite. Il rend l’avenir aussi opaque qu’impensable. Il se prétend invulnérable alors qu’il est d’une grande fragilité. Ellul annonçait la venue de crises à répétition dues à l’emprise croissante de ce système de plus en plus complexe interconnecté.

Bruno Latour lui, note que notre monde dérégulé est désormais hors-sol. Il prétend s’affranchir des règles de la nature. Il continue d’opposer l’économie à l’écologie – entre lesquelles il faudrait choisir. Il méconnaît le vivant : ces mécanismes, ses limites, son imprévisibilité (ces virus, par exemple !). Ses élites dirigeantes s’auto-aveuglent.

Et Patrick Tort que je citais la semaine dernière, d’avertir : « La croyance fantasmatique en la maîtrise technique totale d’un devenir artificiellement modifié de l’espèce se heurte à la constellation imprévisible de ses conséquences et de ses effets en retour. »

J’ajouterais, qu’en ces temps troublés, il serait temps également de réactiver le concept de contre-productivité de Ivan Illich.

La (re)lecture des 3 tomes (parus entre 2002 et 2018) du livre de Christian Morel, Les décisions absurdes. T1: Sociologie des erreurs radicales et persistantes; T2: Comment les éviter; T3: L’enfer des règles. Les pièges relationnels. (Paris. Gallimard), pourrait paraître une œuvre de salubrité publique.

Plus modestement, mon « concept » de schizoïdie fonctionnelle paraît, plus que jamais, opérationnel, permettant d’analyser sur un mode autre que « rationnel » les événements et discours des « experts » de tout poil. Sur un mode désexpérant… et mon divan risque ne pas être assez grand!

@ Canard Enchaîné, 25 mars 2020

Au pays des borgnes, les cyclopes sont aveugles

Aimé Shaman