Une innovation: la disruption

Une innovation: la disruption

Même sincère, notre langage est voilé, plein de signes et de mensonges.

X.

Du progrès dans l’innovation

Comme je l’écrivais en des temps anciens (Delaleu, 2014:19) : « Le long terme des étymologies révèle souvent ce que le court terme des usages ne sait pas qu’il nous cache. » Tout à coup, Besoin d’une « pause – langage ».

Progrès

Est emprunté (1546), au latin progressus qui désigne proprement la marche en avant, d’où, au figuré le développement, l’accroissement des choses. Le mot est dérivé de progredi, au supin progressum, « allez en avant » d’où « aller plus loin, avancer », de pro– « avant » et gradi « marché, s’avancer ». Progressus dans un sens particulier, désigne la marche militaire.

Innover

Est emprunté (1315) au latin classique innovare « revenir à » et en bas latin « renouveler », former de in- et de novare « renouveler », « inventer », « changer », dérivé de novus (nouveau).

Innovation

À mentionner que le mot Disruption n’est pas dans Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française. (1992). Préfixe dis-*  et rumpere « rompre ». [* dis– : apparenté au grec dus- , dus- (« deux »)].

De ces définitions Progrès supposent avoir un projet c’est-à-dire l’idée d’un futur que l’on souhaite « à venir ». La fonction du politique est de proposer.

L’innovation, dans son sens de renouveler, permet que le présent se reproduise. Et souvent, pour qu’il se reproduise, il a besoin d’être réparé. Le présent qui doit se reproduire, c’est le Capital. Comme le dit Alain Supiot, le politique est désormais conditionné à l’économique. Comme le présent dysfonctionne [* dys– : du grec dus-, dus- qui exprime une idée de difficulté, de mauvais état. À noter qu’il serait intéressant d’écrire Dysruption, qui exprimerait la nécessité de rompre avec ce qui est en mauvais état].

© Rocbo

Si l’on excepte un recours religieux, incantatoire, lors d’exercices rhétoriques ayant pour but de raffermir la croyance, cela fait déjà quelques temps que l’emploi du terme Progrès a considérablement diminué, voire disparu, dans le storytelling de motivation à prendre place dans la cordée.

Dans le discours, c’est désormais l’innovation qui réclame son bras armé : la disruption. Ceci signifierait-il la fin ? De l’humanisme, à coup sûr. Le qualificatif pour désigner l’époque que l’on vit est formulé par rapport à celle que l’on a vécue : postmoderne. Le dépassement dans le trans-humanisme (Trans-, « passer à travers, passer outre, être au-delà »). R.i.p.

Dans le discours, c’est désormais l’innovation qui réclame son bras armé : la disruption. Ceci signifierait-il la fin ? De l’humanisme, à coup sûr. Le qualificatif pour désigner l’époque que l’on vit est formulé par rapport à celle que l’on a vécue : postmoderne. Le dépassement dans le trans-humanisme (Trans-, « passer à travers, passer outre, être au-delà »). R.i.p.

Aparté

Il serait intéressant de relever l’évolution des intitulés des ministères depuis les ministères de Plan (existait-il ?), etc. Par exemple :

En 1962 : Gaston Palewski, ministre chargé de la recherche et des questions atomiques et spatiales.

En 2014: Benoît Hamon, ministre de l’Education de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique. A noter que la place du numérique ni dans l’éducation, ni dans la recxherche.

Quand le sommeil s’éclipse, le réveil m’atteint.

Aimé Shaman